La Banque centrale de Tunisie (BCT) a récemment dû faire face à une inflation croissante qui menace sérieusement la stabilité économique du pays. À l’instar des économies émergentes, la Tunisie éprouve des pressions inflationnistes qui remettent en question la reprise économique. Les décisions de hausse des taux d’intérêt ont été envisagées dans un contexte où les prix des denrées alimentaires et des matières premières importées continuent d’augmenter.
En effet, des indicateurs montrent que les prix des matières premières ont atteint des niveaux de volatilité alarmants, dépassant même les pics observés lors des crises passées. Cette flambée des coûts, notamment pour les produits énergétiques et de première nécessité, pourrait conduire à des resserrements de la politique monétaire en Tunisie, comme cela a été le cas dans d’autres pays émergents.
Dans un contexte d’incertitude géopolitique, cette hausse des prix des matières premières pose un risque significatif pour la fragile reprise économique que le pays connaissait récemment. Le souvenir des crises précédentes, comme celle de 2008, rappelle les conséquences dévastatrices que de telles situations peuvent engendrer sur l’économie globale. La hausse des prix pourrait à terme affecter l’indice général de l’inflation en Tunisie, entraînant une augmentation des taux d’intérêt qui pourrait ralentir davantage une croissance déjà hésitante.
En outre, l’inflation affecte également les valorisations des actions et des obligations et des actifs immobiliers qui sont particulièrement sensibles aux variations des prix. Bien que la BCT prenne des mesures pour injecter des liquidités sur le marché, des questions subsistent concernant la durabilité de ces politiques, notamment en ce qui concerne les programmes d’assouplissement quantitatif.
Au-delà des chiffres et des statistiques les décideurs économiques et autres experts de la BCT doivent donc prêter attention aux signaux avant-coureurs d’alerte concernant l’inflation, comme les tensions sur les capacités et sur les circuits de distribution, tout en veillant à ne pas freiner une croissance qui peine à décoller. Les taux d’intérêt « mesurés », bien qu’ils soient censés stimuler l’économie, pourraient au contraire aggraver la situation en favorisant l’augmentation des prix, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs et impactant les marges bénéficiaires des entreprises.
En définitive, la Tunisie, au cours de ce mois de Ramadhan et à la veille d’une saison touristique prometteuse, se trouve à un carrefour très critique. La gestion de l’inflation sera déterminante pour éviter de compromettre la reprise économique et pour garantir la stabilité financière du pays dans un environnement global incertain.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)