Le match du mois organisé par l’Economiste Maghrébin a opposé Amine Aloulou et Karim Ben Kahla sur l’exode des compétences en Tunisie. Karim Ben Kahla, professeur à l’Ecole supérieure de commerce de Tunis, a souligné les défis du système éducatif tunisien et l’importance de repenser l’université pour qu’elle devienne une locomotive du développement national. Le débat a abordé l’exode massif d’ingénieurs et de médecins, causé par des problèmes politiques, économiques et sociaux, et a cherché des solutions pour retenir les compétences et attirer les investissements.
La relation entre l’élite et le reste de la société, telle que décrite par Karim Ben Kahla, peut être résumée à travers trois métaphores principales :
La locomotive et le train : Dans cette métaphore, la locomotive représente l’élite qui tire le train, symbolisant la société. Cependant, si la locomotive décide de partir seule, elle va plus vite mais ne forme plus une société. Cela illustre comment une élite qui se détache du reste de la société peut perdre son rôle moteur et ne plus contribuer au progrès collectif.
La fusée est poussée par ceux qui sont en bas, représentant les masses. Si ceux-ci décident de « décaper » pour aller plus vite, cela peut être comparé à la tendance de certains à se décharger de leurs responsabilités pour avancer plus rapidement. Cette métaphore souligne le risque que les efforts collectifs soient compromis par des actions individuelles égoïstes.
La chaîne : Dans cette dernière métaphore, la force d’une chaîne dépend de son élément le plus ferme. Ainsi Karim Ben Kahla suggère que les élites devraient être cet élément fort, mais en servant la société plutôt que de chercher à s’en détacher. Cela met en avant l’importance de la solidarité et du service des élites envers les plus faibles pour renforcer la société dans son ensemble.
En résumé, Karim Ben Kahla souligne que les élites ont un rôle crucial à jouer dans le développement de la société, mais qu’elles doivent rester engagées et servir le bien commun plutôt que de chercher à avancer seules.
De son côté, Amine Aloulou, président de l’Atuge aborde également la question des élites et de leur rôle dans la société. Il souligne l’importance de développer l’intelligence collective, qui passe par le lien social et la révision des valeurs. Selon lui, l’intelligence ne se limite pas aux élites, mais doit être collective pour répondre aux défis sociétaux. La question de l’avenir des enfants et des valeurs à transmettre est également cruciale, car elle implique de réfléchir à ce que signifie être heureux et trouver un sens à nos actions. Le passé est souvent rappelé, mais il est important de regarder vers l’avenir. La Tunisie a attiré des gens animés par des rêves, notamment ceux liés à l’exploitation de nouvelles technologies. Il y a un désir de voir la Tunisie devenir un pays leader dans le domaine numérique, avec un rêve partagé par sa jeunesse.
Cependant, il existe des défis, tels qu’un manque de reconnaissance et des fluctuations dans les efforts des universitaires, intellectuels et artistes pour travailler sur l’histoire. Il est crucial de développer une fierté nationale et de renforcer l’appartenance à travers des initiatives culturelles et éducatives. Amine Aloulou, quant à lui, est connu pour son rôle dans le développement économique et innovant de la Tunisie, notamment à travers le Tunisia Global Forum, qui vise à connecter les talents tunisiens et à promouvoir l’entrepreneuriat et l’innovation.
En outre, il aborde la question de l’exode des compétences en Tunisie en mettant l’accent sur l’intelligence collective et la nécessité de repenser les valeurs sociétales.
Intelligence collective et révision des valeurs
Amine Aloulou considère que l’intelligence ne doit pas être l’apanage des élites, mais un processus collaboratif impliquant l’ensemble de la société. Cette vision s’oppose à une logique verticale où les compétences élitistes seraient détachées du reste de la population. Il souligne que les défis sociétaux (transition numérique, crise économique) nécessitent une synergie entre acteurs plutôt qu’une dépendance à l’égard d’une minorité qualifiée.
La question de l’éducation des enfants et des valeurs à transmettre est centrale. Il insiste sur la nécessité de réfléchir à ce qui constitue le bonheur et le sens des actions, en évitant de se limiter à un héritage passé. Cette approche critique le système éducatif actuel, jugé inefficace pour former des citoyens engagés dans le développement national. Il dénonce les fluctuations dans les efforts des universitaires et intellectuels pour valoriser l’histoire et la culture tunisiennes, soulignant que cette mémoire collective est essentielle pour ancrer les compétences dans le pays.
Enfin, il promeut un modèle d’innovation basé sur la connexion des talents tunisiens (à l’intérieur et à l’extérieur du pays) et l’entrepreneuriat. Son approche vise à transformer la Tunisie en un hub numérique, en capitalisant sur les aspirations de la jeunesse à des rêves technologiques