La Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) a exprimé son alarme face à la vague d’arrestations et de détentions arbitraires menées à travers le pays par des acteurs des forces de l’ordre et de sécurité. Ces derniers exploitent leurs pouvoirs pour cibler des individus en raison de leurs affiliations politiques présumées, réduire au silence les dissidents perçus et saper l’indépendance judiciaire. Ces pratiques illégales alimentent un climat de peur, restreignent l’espace civique et érodent l’état de droit. Telle est l’annonce de son communiqué.
Les professionnels du droit et les membres du pouvoir judiciaire sont particulièrement touchés par des violences et des arrestations arbitraires. L’arrestation violente du juge Ali Al Shareef à Tripoli le 10 mars, ainsi que la détention continue de l’avocat Mounir Al-Orfi à Benghazi depuis le 12 mars et des procureurs militaires Mansour Da’aoub et Mohammed al-Mabrouk al-Kar depuis 2022 à Tripoli, mettent en lumière les menaces croissantes contre les acteurs de la justice et compromettent leur indépendance.
La MANUL s’inquiète également de l’utilisation croissante de « confessions » vidéo, où des individus sont détenus et contraints de « confesser » des crimes présumés dans des vidéos diffusées en ligne. Ces vidéos servent à intimider et humilier les personnes ciblées. La Mission insiste pour que de telles « preuves » soient déclarées inadmissibles et que les responsables soient tenus de rendre des comptes.
La détention arbitraire et son instrumentalisation ne font qu’étouffer l’espace civique, créer un climat de peur et d’intimidation, et doivent être activement découragées. Elles sapent l’environnement nécessaire à la transition démocratique en Libye et affaiblissent la confiance des Libyens envers les forces de l’ordre et les entités sécuritaires, qui devraient protéger et promouvoir les droits de tous les citoyens plutôt que de les compromettre.