Rafaa Tabib, expert en géopolitique, a abordé plusieurs sujets liés aux dynamiques régionales et internationales, notamment le rôle de Recep Tayyip Erdogan dans les crises en Méditerranée et en Afrique du Nord, lors de son intervention sur les ondes d’Express fm.
Rafaa Tabib considère qu’Erdogan est tombé dans le piège tendu par l’administration Biden. Il qualifie cette approche de pragmatique mais non stratégique. Ce qui a conduit au recul de l’influence turque et à un prix à payer pour Erdogan.
Il précise dans ce contexte : « La Turquie, et en particulier Erdogan, paient-ils aujourd’hui le prix de leurs choix en Syrie? Ces choix incluaient un alignement avec les factions armées comme Hayat Tahrir al-Sham (HTS) dirigée par Al-Joulani, en échange d’une expansion de l’influence turque sur le territoire syrien. Les stratégies suivies par Erdogan étaient peut-être intelligentes à court terme, mais manquaient d’une vision prospective. »
De plus, il a rappelé que la région est marquée par plusieurs conflits majeurs : la guerre en Ukraine, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie (où l’Arménie occupe une place importante pour la Russie en raison de considérations religieuses communes), ainsi que les développements récents en Syrie.
Par ailleurs, un accord stratégique approfondi entre l’Iran et la Russie a été signé récemment, consolidant leur coopération sécuritaire et militaire. Cela a donné naissance à un axe Moscou-Téhéran qui s’éloigne de l’ancien partenariat entre Moscou et Ankara.
En Ukraine, il est probable que le conflit se solde par un accord reconnaissant la victoire russe. Quant aux États-Unis, ils pourraient réduire leur dépendance à l’égard de la Turquie après avoir investi massivement dans cette guerre sous l’administration Biden. En Arménie, un coup d’État récent a vu certains politiciens influents se rapprocher de la Russie pour reconstruire une alliance brisée.
Sur le plan intérieur turc, il estime qu’Erdogan fait face à une opposition forte mais bénéficie également du soutien des « tigres anatoliens », une classe influente d’entrepreneurs et commerçants. Cependant, son parti AKP semble avoir perdu sa cohésion historique après le départ de figures clés comme Babacan. La Turquie pourrait entrer dans une phase de repli sur elle-même pour résoudre ses problèmes économiques internes.
Erdogan a également tenté récemment d’améliorer ses relations avec les Kurdes, notamment via des appels historiques à mettre fin au conflit armé avec Abdullah Öcalan et le PKK. Cela pourrait être une tentative de renforcer ses positions politiques.
Enfin, les dynamiques régionales restent complexes avec des tensions persistantes en Syrie et des désaccords croissants entre la Turquie et ses anciens alliés comme la Russie et l’Iran.