L’objectif que le président américain ne cesse de proclamer, depuis son premier mandat et jusqu’à ce jour, est de « rendre sa grandeur à l’Amérique » (Make America great again). Sa conception de la grandeur est bien particulière. Car la grandeur d’un pays, selon le bon sens commun ne se mesure pas uniquement par la puissance économique et militaire. La grandeur se mesure aussi et surtout par le respect des principes élémentaires du droit, de la morale et de l’humanisme.
De ce point de vue, et sans remonter très loin dans l’histoire, on peut affirmer sans risque d’erreur, que depuis George W. Bush jusqu’à Donald Trump, aucun président n’a œuvré pour la grandeur de son pays; ni même pris la moindre décision pour améliorer un tant soit peu sa réputation fortement endommagée aux yeux du monde.
Depuis sa prise de fonctions, Trump est en train d’œuvrer non pas à rendre sa grandeur à l’Amérique, mais à endommager encore plus son image et sa réputation dans le monde. Passons sur ses prétentions consternantes sur le Canada, le Mexique, Panama et le Groenland, et concentrons-nous sur le soutien de Trump à son ami Netanyahu, le Premier ministre génocidaire d’Israël. Un soutien qui, du fait de l’immoralité et l’irrespect des principes élémentaires du droit et de l’humanisme, détruit aux yeux de l’écrasante majorité des pays du monde le peu qui reste de la réputation en lambeaux des élites gouvernantes à Washington.
Les dernières statistiques palestiniennes parlent de plus de 51 000 morts et plus de 114 000 blessés à Gaza depuis le début de la campagne génocidaire israélienne. Rares sont les bâtisses qui tiennent encore debout dans l’enclave palestinienne. Et, en plein mois de Ramadan, Israël bloque l’entrée de toute aide humanitaire, privant les survivants du génocide de nourriture, d’eau et d’électricité!
Ces données terrifiantes n’ont pas empêché Donald Trump de donner le feu vert au gouvernement israélien de reprendre le bombardement des ruines de Gaza et de poursuivre sa campagne génocidaire contre le peuple palestinien.
La haine insensée que témoigne le président américain envers les Palestiniens est incompréhensible. Il ne se contente pas de poursuivre, dans les traces de son prédécesseur, l’implication de son pays dans l’entreprise génocidaire du gouvernement israélien; mais il ordonne, en violation de la Constitution américaine et du droit international, l’arrestation de quiconque manifeste son soutien à la cause palestinienne.
Le cas de l’étudiant syrien Mahmoud Khalil, diplômé de l’université new yorkaise de Columbia est révélateur à cet égard. Khalil est résident permanent, titulaire de la « Green Card » et marié à une Américaine de naissance. Il a été arrêté il y a quelques jours à la résidence universitaire où il habite et transféré immédiatement dans une prison pour immigrants dans l’Etat de Louisiane.
Il n’est accusé ni de crime, ni de mauvaise conduite, et encore moins de violation d’aucune loi américaine. Il est arrêté sur la base de cette étrange déclaration du Secrétaire d’Etat Marco Rubio : « Le soutien de Mahmoud Khalil à un Etat palestinien est un obstacle à la mise en œuvre de la politique étrangère américaine » !!!
Epoustouflant. Parce que Mahmoud Khalil a dénoncé dans un rassemblement universitaire le génocide qui se déroule à Gaza et à Jénine, le Secrétaire d’Etat Rubio va trouver des difficultés à effectuer son travail…
Mais l’affaire de Khalil Mahmoud ne s’arrête pas là. La subvention de 400 millions de dollars dont bénéficie l’université de Columbia a été suspendue. La raison? Les responsables de cette institution « n’ont pas fait le nécessaire pour s’opposer à l’antisémitisme à l’université. »
Sous l’administration de Joseph Biden et sous l’administration actuelle, la définition de l’antisémitisme ne concerne plus seulement la défense des droits des Palestiniens; mais aussi la dénonciation du génocide et de l’entreprise d’annihilation de tout un peuple.
Peu de temps après l’arrestation de Mahmoud Khalil, ce fut le tour d’une professeure de médecine libanaise à l’université Brown. Résidente permanente aux Etats-Unis, elle est arrêtée à son retour du Liban à l’aéroport Logan de Boston. La raison? La police, qui s’est permis de consulter son téléphone portable, a découvert une vidéo qui montre la présence de la professeure aux funérailles du chef de Hezbollah, Hassan Nasrallah. C’était suffisant pour qu’elle soit expulsée vers le Liban, en dépit de l’ordonnance d’un juge fédéral interdisant l’expulsion.
Quelle grandeur Trump prétend-il rétablir quand le dévoiement de la plus grande puissance du monde atteint des proportions si absurdes? En fait, le président américain est en train de puiser dans les pages les plus sombres de l’histoire américaine. Sa politique rappelle celle des « Raids de Palmer » des années 1919-1920, du nom du procureur général Mitchell Palmer qui entreprit d’arrêter et d’expulser quiconque soupçonné de communisme et d’anarchisme. Une page noire de la politique américaine du début du XXe siècle qui s’est terminée par l’exécution sur la chaise électrique de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, accusés d’anarchisme, dont l’histoire est relatée dans le célèbre film de Giuliano Montaldi qui porte leur nom.
Trump puise aussi dans l’histoire tragique du Maccarthysme des années 1950, du nom du sénateur Joseph McCarthy, qui déclencha ce que les historiens qualifient de « chasse aux sorcières » et de « Peur rouge » qui saisit alors les Etats-Unis.
Plutôt que d’œuvrer à la grandeur de l’Amérique comme il le prétend, Trump est en train de puiser dans les pages sombres de son histoire. Avec en prime la continuation de la politique entamée par son prédécesseur : la participation par l’argent, les armes et le soutien politique au génocide du peuple palestinien.