La Chine vient d’annoncer la mise en place, à compter du 10 avril, de droits de douane à hauteur de 34% sur toutes les importations de produits américains. « Une mesure susceptible de provoquer une rupture des relations et d’aggraver les tensions commerciales entre les deux plus grandes économies du monde », estime la chaîne américaine CNN.
Bien que profondément imprégnée de la doctrine millénaire de Confucius, la Chine applique désormais à la lettre la loi biblique du talion : “œil pour œil, dent pour dent“.
Ainsi, en représailles directes aux droits de douane de 34% annoncés par Donald Trump contre la Chine le 2 avril lors du « Liberation Day » à la Maison Blanche, Pékin a riposté avec fermeté, vendredi 4 avril, en imposant à son tour des droits de douane similaires, à savoir 34% sur toutes les importations de biens américains.
« Pour toutes les marchandises importées en provenance des États-Unis, un droit de douane supplémentaire de 34% sera imposé en plus du taux des droits de douane actuellement applicables », a annoncé le ministère chinois des Finances.
Pour sa part, le ministère chinois du Commerce a annoncé des contrôles à l’exportation sur sept éléments de terres rares, y compris le gadolinium, utilisé notamment en imagerie par résonance magnétique (IRM), et l’yttrium, utilisé dans l’électronique grand public.
Enfin, la Chine a déposé une plainte dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’OMC, annonce également le ministère chinois du Commerce.
Parallèlement, seize (16) entreprises américaines ont été placées sur une “liste noire“ qui les empêchera de s’approvisionner de l’ancien Empire du Milieu.
Panique
En réaction à l’escalade commerciale entre les deux premières puissances économiques qui rend désormais plus probable le scénario d’une récession à l’échelle planétaire, la réaction des places financières a été immédiate : Wall Street n’y échappe pas, le Dow Jones fondant de 3,07%, l’indice Nasdaq de 3,48% et l’indice élargi S&P de 3,47%.
Ces baisses ont entraîné une perte de valeur de marché estimée à 2 500 milliards de dollars, sachant que les secteurs les plus touchés incluent les institutions financières, les grandes entreprises technologiques et les fabricants de semi-conducteurs, en raison de leurs expositions aux marchés internationaux et des craintes d’une récession.
En Europe, la Bourse de Francfort chutait vendredi de 5,08%, Paris de 4,26% et Londres de 3,90%. Milan dégringolait de 7,57% et Madrid de 6,02%.
Même onde de choc en Asie. Vendredi 4 avril, la Bourse de Tokyo a accentué ses pertes en clôture : l’indice vedette Nikkei a perdu 2,75%, et l’indice élargi Topix 3,37%. De même, la Bourse de Sydney a chuté de 2,44% et celle de Séoul a reculé de 0,86%. Les places chinoises étaient fermées en raison d’un jour férié.
Donald Trump serein
De quoi inquiéter le président américain initiateur de ce tsunami planétaire ? La Chine « panique », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social ; ajoutant en lettres majuscules que « la Chine a mal joué le coup, ils ont paniqué – la seule chose qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire ».
Quant à l’économie américaine, « elle avait beaucoup de problèmes… C’était un patient malade, mais elle va finir en pleine forme », a-t-il assuré devant la presse, à bord d’Air Force One.
Modération
Realpolitik oblige. Après avoir été stupéfaits par l’offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, les principaux partenaires européens des États-Unis se sont globalement abstenus de jouer la carte de la surenchère, laissant la porte entrouverte à des négociations, d’autant plus que l’ombrageux président américain a mis en garde contre toute velléité de représailles, menaçant de sanctions supplémentaires.
Ainsi, en réaction à une décision américaine « grave et infondée », le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l’unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux États-Unis. Son ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a appelé pour sa part à une réponse européenne « unie et proportionnée », tout en soulignant la nécessité de « fermeté » dans les négociations afin d’éviter une guerre commerciale « dommageable ».
Le chancelier allemand sortant, Olaf Scholz, a jugé « fondamentalement erronées » les décisions de Donald Trump, assurant que l’Europe répondra « de manière unie, forte et appropriée », mais que « nous sommes à la disposition du gouvernement américain pour discuter et éviter une guerre commerciale ».
Le Conseil fédéral suisse a annoncé qu’il ne compte pas, « en l’état », mettre en place de contre-mesures malgré le coup de massue asséné aux produits helvétiques, parmi les plus touchés avec des droits de 31%. « Une escalade n’est pas dans l’intérêt de la Suisse », a déclaré la présidente de la confédération historiquement neutre, Karin Keller-Sutter, même si des produits emblématiques du pays risquent d’être touchés, comme les montres, le fromage et le chocolat.
Enfin, la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a qualifié ces tarifs d’ « erronés et n’apportant aucun bénéfice aux deux parties ». Elle prévoit de discuter de cette question avec le vice-président américain, JD Vance, lors de sa prochaine visite en Italie. Dans l’espoir de négocier des exemptions pour les producteurs italiens.