Amira Ghenim fait revivre Bourguiba dans son nouveau roman : Les Grands meurent en avril
Le 6 avril 2025, la romancière et universitaire tunisienne Amira Ghenim publie son nouveau roman Les Grands meurent en avril (العظماء يموتون في أفريل), aux éditions Miskiliani. Ce texte fort, à la croisée de l’intime et du politique, paraît à l’occasion du 25ème anniversaire de la disparition de Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante.
Une seconde mort romanesque pour Bourguiba
Dans ce roman, Amira Ghenim imagine une seconde mort pour Bourguiba — celle vécue dans le silence, l’effacement et l’exil intérieur, après sa destitution du pouvoir en 1987. Cloîtré à Monastir, oublié du monde, l’ancien chef d’État devient un personnage romanesque qui reprend la parole pour interroger sa vie, ses choix, ses erreurs. Et si quelqu’un avait écouté ses pensées les plus secrètes? Si une voix, une oreille, avait recueilli les confessions de l’homme derrière l’icône?
Les Grands meurent en avril donne ainsi corps à un monologue intérieur chargé d’émotion et de lucidité. À travers cette voix imaginaire, Amira Ghenim interroge la mémoire, le pouvoir, l’oubli, mais aussi les contradictions humaines. Un texte où se rencontrent l’histoire officielle et les zones d’ombre que seule la fiction peut explorer.
Fiction et mémoire : un regard inédit sur l’histoire tunisienne
Loin d’en être à son coup d’essai, Amira Ghenim a déjà marqué la scène littéraire avec plusieurs romans où elle revisite des figures majeures de l’histoire tunisienne. En 2021, elle publiait Le Désastre de la maison des notables, centré sur le réformateur Tahar Haddad, une œuvre traduite en français et en italien.
En 2024, Ghenim publiait également Sable ardent (تراب سخون), aux éditions Miskiliani, un roman poignant dans lequel elle imagine un voyage fictif de Wassila Bourguiba vers son ex-mari, Habib Bourguiba. À travers ces récits, l’autrice explore les silences de l’histoire nationale, en donnant vie à des personnages emblématiques dans des contextes où l’intime croise le politique.
Un parcours littéraire salué par le Prix Fragonard
En mars 2025, Le Désastre de la maison des notables a valu à Amira Ghenim et à sa traductrice en français, Souad Labbize, le Prix Fragonard de littérature étrangère, décerné à Paris parmi dix finalistes. Publié en français chez Philippe Rey, le roman a été salué pour sa puissance narrative et son regard original sur le passé tunisien. À la fois autrice engagée et universitaire rigoureuse, Amira Ghenim poursuit, à travers ses écrits, une démarche singulière : faire dialoguer le passé et le présent, mêler la rigueur du savoir à la puissance de la fiction.