Depuis dimanche 13 avril, plusieurs établissements pénitentiaires en France ont été la cible d’attaques violentes, mêlant tirs d’armes lourdes et incendies de véhicules, souvent accompagnés de slogans à connotation anarchiste. Face à cette série d’actes coordonnés, le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé, dans la soirée de mardi 15 avril, s’être saisi de l’enquête.
Ces attaques ont visé notamment des prisons à Toulon, Villepinte, Réau, Marseille, ainsi que l’École nationale d’administration pénitentiaire (ENAP) à Agen. L’enquête a été confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, en collaboration avec les services locaux et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
La piste de narcotrafiquants
D’après les premiers éléments, la piste anarchiste serait privilégiée dans la majorité des cas. Une source proche du dossier évoque une coordination potentielle entre les différents actes. Ce qui renforce la thèse d’une mouvance militante organisée.
Le garde des Sceaux et ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est rendu mardi au centre pénitentiaire de Toulon, ciblé par des tirs, pour apporter son soutien aux agents. Sur le réseau X (anciennement Twitter), affirmant que « la République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui dérangent les réseaux criminels. Elle est défiée et saura être ferme et courageuse ».
Tirs à l’arme lourde et incendies criminels
À Toulon-La Farlède, plusieurs individus ont ouvert le feu avec une arme lourde sur l’entrée du centre pénitentiaire. Selon le procureur de Toulon, une dizaine de douilles ont été retrouvées. Une enquête pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique a été ouverte.
Des tags ont également été découverts, notamment les sigles « DDFM » et « DDPF » (Droits des Prisonniers Français), inscrits sur des bâtiments ou des véhicules.
À Marseille, dix véhicules pénitentiaires ont été tagués dans la nuit de mardi à mercredi.
À Villepinte, en région parisienne, trois véhicules — dont deux appartenant à des agents — ont été incendiés. Un bidon d’hydrocarbures a été retrouvé sur les lieux.
À Réau et à l’ENAP d’Agen, sept autres véhicules ont également été brûlés.
Réactions et mesures de sécurité renforcées
Face à cette vague d’attaques, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a ordonné un renforcement immédiat des mesures de sécurité autour des établissements pénitentiaires. Le syndicat FO Justice a dénoncé « une attaque frontale contre l’institution » et réclamé une réponse forte de l’État.
De son côté, l’Ufap-Unsa Justice alerte sur le manque d’effectifs pour assurer une sécurité continue aux abords des prisons.
L’enquête se poursuit, avec toutes les hypothèses encore ouvertes, bien que les indices pointent de plus en plus vers une action coordonnée de nature idéologique.