L’ autisme est fêté aujourd’hui, sur le thème « Emploi : les avantages de l’autisme ». Une campagne qui peut sembler audacieuse pour ceux qui ne voit pas le potentiel des personnes autistes. Pourtant, il existe bel et bien des avantages à employer des autistes, si l’on prend conscience de leurs capacités, hors normes, pour certains d’entre eux.
Cette campagne célébrée chaque année à l’initiative des Nations Unies, depuis 2008, attire ainsi l’attention sur le fait que les autistes « peuvent se révéler être de précieux employés pour les entreprises qui comprennent leurs compétences uniques et bien souvent exceptionnelles ».
L’autisme est définit comme un trouble du développement, résultat d’un dysfonctionnement neurologique. Il est caractérisé par des troubles : de la socialisation, de la communication verbale et non verbale, des comportements et par des activités au caractère restreint et répétitif.
Pourtant, « les recherches sur ce sujet laissent entendre que les employeurs passent à côté de certaines capacités que les personnes autistes possèdent en abondance par rapport à des travailleurs « neurotypiques », notamment en matière de reconnaissance des formes et de raisonnement logique, ainsi qu’une plus grande attention aux détails. Ces qualités rendent ces individus idéalement adaptés à certains types d’emplois, comme les tests de logiciels, la saisie de données, les travaux de laboratoires et la relecture, pour ne citer que ces exemples. »
Environ 80% des adultes atteints d’autisme sont sans emploi. Cette discrimination serait probablement due au fait que les capacités intellectuelles des autistes soient mal quantifiées. Les autistes très souvent catalogués comme « déficients mentaux ».
En effet, d’après une étude canadienne réalisée en 2007, les tests de QI « conventionnels » dont le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) sous estiment le QI des autistes, vu qu’ils reposent largement sur le langage (altéré chez les autistes).
Les conclusions des scientifiques sont sans équivoque: « S’il est probable que les sujets autistes possèdent des compétences de perception extraordinaires et qu’ils utilisent des voies cognitives particulières pour résoudre les problèmes, leur intelligence dépasse de toute évidence la simple mémorisation et perception et inclut des capacités de raisonnement complexes ».
Quant est-il en Tunisie ? D’après le Dr. Hamouda Chemceddine, président de l’ATPSM (Association Tunisienne Pour la Promotion de la Santé Mentale), le nombre des enfants autistes en Tunisie est estimé à 1 sur 164 enfants.
Ceux qui bénéficient d’une prise en charge dans des centres d’éducation spécialisés ne dépassent pas 5%. La situation est donc intenable, avec un dépistage insuffisant, une absence de stratégie nationale, une insuffisance des structures existantes, voire même l’absence totale de structure dans plus de 16 gouvernorats. L’attitude des hauts responsables nationaux n’étant pas à la hauteur en comparaison avec la gravité de la situation.
Il n’existe aucune loi en faveur des autistes. Victimes de discrimination négative dans la majorité des structures publique, les autistes ont le taux d’intégration le plus bas que toutes les autres formes d’handicap.
Le Dr. Hamouda Chemceddine souligne que l’autisme en Tunisie est une cause défendable, s’agissant avant tout d’une question de droit de l’Homme. La réhabilitation de la cause de l’autisme en Tunisie nécessiterait même, selon ses dires, une véritable révolution des esprits.