Finis les temps où seuls des chefs d’entreprise de sexe masculin pouvaient parader sur les estrades et les tribunes d’honneur dédiés au monde patronal. Le magazine le Manager – groupe L’Economiste maghrébin – a organisé hier 3 avril une cérémonie où quatre trophées ont été décernés aux femmes entrepreneures pour l’année 2015, et ceci en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann, la CNFCE, la CONECT, Souk Attanmiya (BAD), le CJD et le Centre d’Affaires de Sfax. Le jury a sélectionné, parmi les dossiers de candidature reçus, 4 femmes entrepreneures lauréates (Eya Essif, Wissem Nabli, Najeh Ghali et Nédra Belhédi Boulila élue « Femme Entrepreneure de l’année »).
« Les femmes entrepreneurs honorées ont eu des parcours différents mais connu les mêmes difficultés, les mêmes obstacles qu’elles ont dû surmonter grâce à leur courage et à leur détermination. Ces parcours de combattantes n’a pas été un long fleuve tranquille. Tant s’en faut.« , n’a pas manqué de préciser M. Hédi Mechri, directeur de la publication, dans son allocution de bienvenue à l’ouverture de la cérémonie.
Avant d’apprendre qu’elle a été retenue par le jury comme Femme Entrepreneure de l’Année 2015, Nédra Boulila Belhédi, promotrice d’un projet à vocation touristique à Chenini (Tataouine), Dar Kenza, a bien voulu partager avec «le Manager» les différentes étapes suivies pour la concrétisation de son projet et son parcours en tant que femme à la tête d’une entreprise.
L’attachement à sa région d’adoption pour cette native de Sfax, maîtrisarde en Gestion/marketing est venu avec le choix fait par son conjoint, dentiste et féru d’histoire du patrimoine, d’ouvrir son cabinet de consultation à Chenini,Tataouine. Elle devait être alors loin d’imaginer que c’était là le point de départ d’une passionnante aventure entrepreneuriale qu’elle a bien voulu nous faire découvrir.
Le déclic n’est peut-être pas venu aussitôt, puisqu’elle devait revenir à Sfax pour la scolarisation de ses enfants. Ne pouvant demeurer inactive, elle lance alors, dans sa ville natale, un projet de confection jusqu’à voilà une vingtaine d’années, lorsque, assurée que ses enfants capables de voler de leurs propres ailes, Bac en poche, elle revient s’installer définitivement à Chenini auprès de son conjoint, après une période ponctuée d’innombrables allers et retours.
Son projet ou plutôt ses projets qui se complètent, c’est par étapes successives qu’ils ont été montés : restaurant, gîte touristique, musée, centre de la laine et médiathèque.
Au tout départ, elle doit la concrétisation de son projet en grande partie à la confiance que lui a accordée la population de la région, peu encline à céder son patrimoine par crainte de le voir dénaturé. Ainsi une dizaine d’années après le démarrage d’un restaurant servant une cuisine traditionnelle dans un cadre typique, elle peut enfin, en 2007, accéder à la propriété par l’achat de ghorfas pour lancer un gîte d’accueil. (http://www.kenza-chenini.com/).
20 années d’expérience dans le domaine du tourisme culturel, notamment comme directrice-propriétaire de la Résidence d’hôtes troglodytique KENZA incrustée en plein dans la montagne du village historique de Chenini-Tataouine. Elle dispose de nombreux accords de collaboration avec les agences de voyages et des tour-opérateurs des mégapoles touristiques du littoral et à l’étranger. Plusieurs tournées de promotion du tourisme alternatif à l’étranger (Dubaï, Italie, France, Allemagne, Malaisie…).
Ce profond attachement à l’économie sociale et solidaire s’est de même concrétisé avec la création du Centre de la laine de Douiret, initié avec l’appui du projet Souk Ettanmia de la Banque africaine de Développement (BAD) et dédié à la promotion du tissage berbère au profit de la femme rurale de Chenini – Tataouine.
La revue le Manager a consacré, dans son numéro du mois d’avril (disponible dans les kiosques), une couverture médiatique aux lauréates auxquelles nous adressons nos remerciements et félicitations.