Quinze ans après la disparition du Leader Habib Bourguiba, un 6 avril 2000, le père de l’indépendance de la Tunisie est devenu un symbole ou mieux encore un mythe non seulement dans son pays, mais aussi dans le monde entier.
Un parcours exceptionnel
Bourguiba est né le 3 août 1903 à Monastir, fils de Ali Bourguiba et de Fatouma Khefacha, il est le dernier de ses frères et sœurs.
Étant petit, Bourguiba a grandi dans un environnement féminin. Ses frères se trouvaient à Tunis et il passait son temps en compagnie de sa mère, sa grand-mère et ses sœurs, Aïcha et Nejia, ce qui lui a permis de comprendre que les femmes travaillaient très dur, et de constater les inégalités entre homme-femme.
En 1907, encore jeune, il quitta Monastir pour Tunis. La séparation avec sa mère a été pour lui très douloureuse.Une fois à Tunis, il assista à la lutte contre le Protectorat français et l’émergence du mouvement national dominé par Ali Bach Hamba.
Il commença ses études au Collège Sadiki et obtint son baccalauréat en 1924 au lycée Petit Carnot, avec seize de moyenne en philosophie. Il est le premier de sa classe. Il partit faire ses études de droit à Paris et ce fut son premier voyage en France. Il s’intéressa beaucoup à la civilisation française et à sa politique, en participant aux débats et aux événements.
Retour au pays
Ce n’est qu’en 1927, à l’âge de 26 ans, qu’il retourna en Tunisie avec sa compagne Mathilde qu’il épousa plus tard. Son entourage accepta mal son mariage avec une Française et qui plus est plus âgée que lui. De cette union naquit un garçon, Bourguiba Jr. Durant un an, il enchaîna les stages en tant qu’avocat. Puis il ouvrit son propre cabinet d’avocat.
Son retour à Tunis fut marqué par le début de son entrée en politique par la rédaction d’articles virulents contre les autorités coloniales et le parti Destour, héritier du mouvement des Jeunes Tunisiens composé d’avocats et de médecins
Le 2 mars 1934, Bourguiba créa le Néo-destour, un parti de masse, bien structuré, puissant qui marqua le point de départ de son ascension dans la vie politique. Il sillonna le pays pour faire découvrir son nouveau parti sur l’ensemble du territoire tunisien jusque dans les villages les plus reculés.
Mais très vite, le mouvement Néo-Destour fut obligé d’entrer dans la clandestinité et la situation commença à dégénérer.
En 1938, les manifestations contre l’oppression du pouvoir en place se multipliaient et un grand nombre des dirigeants du Néo-Destour furent emprisonnés, parmi lesquels figurait Bourguiba. En mai 1940, Bourguiba fut transféré à la prison de Marseille. Deux ans plus tard, les Allemands le libérèrent lors de la Seconde Guerre mondiale.
Le 7 mais 1943, il est de retour à Tunis et on découvre ses talents d’orateur à travers ses discours enflammés pour pousser les Tunisiens à se mobiliser.
Quelques années plus tard, en juin 1953, la France a changé de politique en optant pour le dialogue, après des années de répression.
Mardi 20 mars 1956, c’est le début de la décolonisation. Après 75 ans de protectorat français, la Tunisie obtint finalement son indépendance et le traité du Bardo du 12 mai 1881 fut abrogé.
Le 31 juillet 1954, la Tunisie se dirigeait vers son autonomie interne puis son indépendance et retrouva enfin sa souveraineté. » La France reconnaît solennellement l’indépendance de la Tunisie », reconnurent les autorités françaises.
Trois mois à peine après l’Indépendance, Bourguiba avait un seul souhait : il fallait moderniser et changer les mentalités. Il commença par interdire la polygamie. Le Code du Statut personnel acheva de libérer la femme .
La politique étrangère de Bourguiba
Tout le long de sa carrière de leader, le libérateur de la femme se distingua de ses homologues arabes : il était partisan de la normalisation des rapports avec Israël. Lors d’une tournée au Proche-Orient, il déclara dans un célèbre discours prononcé à Jéricho le 3 mars 1965 : « La politique du tout ou rien n’a mené en Palestine qu’à la défaite ». Il préconisa la création d’une fédération entre les nations arabes et Israël. En mai de la même année, soutenu par son opinion publique, il n’hésita pas à rompre avec la Ligue arabe.
Dans son discours à l’attention de la nation arabe, recueilli par le Monde diplomatique , il déclarait : ”Il faut que dans la nation arabe s’élèvent des voix pour parler franchement aux peuples, la lutte doit se poursuivre avec tout ce qu’elle comporte de détours, d’étapes, de ruses jusqu’au jour où nous aurons arraché, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les générations futures une victoire complète et définitive”.
A la fin des années 80, le Combattant suprême, affaibli, ne pouvait plus gouverner et le 1 er octobre 1987, il désigna Ben Ali comme Premier ministre. Un mois plus tard, ce même Premier ministre le destitua et s’accapara le pouvoir, le laissant isolé dans sa résidence de Monastir jusqu’à son dernier soupir.
Son enterrement devait être digne d’un leader, d’un homme qui a longtemps milité pour l’indépendance de son pays. Mais ses obsèques se sont déroulés en silence et seuls quatre Chefs d’Etat étaient présents, le président Algérien Bouteflika, le président français Jacques Chirac, le président yémenite, et le président Ivoirien, ainsi que le roi Mohamed VI. Toutefois, une de ses fameuses citations a marqué l’histoire de la Tunisie : « Le Bourguibisme continuera après Bourguiba ».
Il nous manque, il était intègre , on ne peut pas dire autant des autres chefs d’états arabes tous autant qu’ils sont étaient corrompus ! le seul reproche c’est qu’il a oublié la Tunisie profonde !