Des cadres de la Compagnie des phosphates de Gafsa ont tiré la sonnette d’alarme quant à la situation de blocage que connait la compagnie actuellement, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui à Tunis.
Ammar Akouri, cadre au sein de la CPG et secrétaire général adjoint de la Fédération tunisienne des mines, a affirmé lors de son intervention que l’UGTT est compréhensive quant aux attentes et aux revendications sociales. Revenant sur la situation actuelle de la CPG, l’intervenant a rappelé qu’en 2010, la CPG comptait 5000 employés et qu’elle en compte actuellement après les recrutements massifs quelques 7000 employés.
Pour ce qui est de la capacité de production, en 2010 elle était de l’ordre de 8,1 millions de tonnes avec un coût de 46,8 dollars pour la production d’une seule tonne. Quant au prix de vente d’une seule tonne il est estimé à 75 dollars. L’intervenant a regretté le changement de situation en 2014.
D’après l’intervenant, en 2014 le coût de production d’une tonne de phosphate a dépassé les 100 dollars quant au prix de vente il est descendu au dessous de 75 dollars. Ces indices montrent bel bien que la CPG a supporté un fardeau qui dépasse ses limites malgré sa capacité d’embaucher les agents. A quoi est due cette situation ? D’après l’intervenant, la CPG a effectué le recrutement de 2856 agents et a titularisé les agents de sous-traitance (plus que 1045 agents). De même l’intervenant a rappelé que la CPG a intégré la société de transport des produits miniers et a lancé une nouvelle entreprise employant 1600 agents.
« Nous soutenons toutes les revendications légitimes de nos enfants dans le bassin minier. je dois aussi vous rappeler que le taux de chômage à Gafsa est parmi les plus élevés 26% », dit-t-il avec détermination.
Rappelant le contexte de concurrence avec le Maroc, Ammar Akouri a rappelé que la production du Maroc est passée de 25 millions de tonnes de phosphate avant le 14 janvier à 37 million de tonnes après le 14 janvier et envisage d’atteindre les 50 millions tonnes surtout après la régression de la production de la CPG et la perte de ses marchés habituels : « Comme vous le savez nous vendons toute notre production au Groupe chimique », informe-t-il.
De même, l’intervenant a pointé du doigt « l’absence de l’Etat » qui, selon lui, a laissé seule la CPG face aux problèmes sociaux et a indiqué qu’il est nécessaire que l’Etat intervienne d’autant qu’il est déjà intervenu dans d’autres régions.
« Depuis la création de la CPG en 1879, nous ne percevons que nos salaires d’agents sans plus », dit-il. « Si la situation continue de la sorte, la CPG finira par faire faillite », dit-il . « Nous soutenons nos enfants mais nous ne sommes pas d’accord sur la méthode de protester», renchérit-il. Et de lancer un appel à tous les habitants de Gafsa de conserver « cet acquis qu’est la CPG ». « Il faut que l’Etat pense au lancement de nouveaux projets pour absorber le chômage car la CPG ne peut remplacer l’Etat », ajoute-t-il.
Ezzeddine Barrani, cadre à la CPG, a affirmé que les cadres de la CPG n’ont pas eu recours à la grève et qu’ils ont dû subir des agressions à cause de cette prise de position. Dans ce contexte, il a affirmé qu’étant donné la situation, la CPG ne pourra plus assurer les salaires des agents dans deux ou trois mois : « Personne ne peut croire à cette situation », dit-il. Surtout que la production de phosphate a chuté pour atteindre 650 mille tonnes pendant le premier trimestre 2015. Il a appelé à l’union de tous les intervenants à la CPG pour résoudre ce problème.
Une autre cadre de la CPG a affirmé que les conseils d’administration contrôlent fermement toutes les dépenses, ce qui exclut toute possibilité de mauvaise gouvernance et de corruption. De même, que les appels d’offres et les marchés publics passent par plusieurs étapes avant d’être validés.
Un cauchemar, aucune idée juste des grèves à répétition