C’est dans une conjoncture particulière que le 1er mai 2015 débarque. Pendant les années précédentes, cette fête était l’occasion de célébrer les droits des travailleurs, rappeler les revendications sociales dans tous secteurs et faire entendre la voix des travailleurs ainsi que leurs syndicats.
Entre les appels désespérés des chefs d’entreprise qui appellent à la nécessité de doubler la productivité tout en dénonçant les mouvements sociaux, – qu’ils soient légitimes ou illégitimes-, et les revendications syndicales des travailleurs appuyés par des syndicats déterminés à « arracher » de « nouveaux acquis » pour ses affiliés, nous nous demandons s’il est encore possible d’entamer un dialogue social, responsable et sérieux entre les syndicalistes et les chefs d’entreprise.
Hélas, il semble que le contexte actuel ne soit pas favorable à ce dialogue : déclarations incendiaires entre UTICA et UGTT, dialogue de sourds entre les différents acteurs sociaux, chute de la productivité, grèves sauvages de la faim… En attendant l’instauration des bases dudit dialogue entre les chefs d’entreprise et les syndicats, regardons la triste réalité en face. Rappelons quelques chiffres révélateurs…
Chômage quand tu nous tiens
La Tunisie fête le 1er mai avec environ 572 mille chômeurs dont 32% sont des titulaires de diplômes du supérieur, d’après des statistiques annoncées par l’Institut national des statistiques en avril dernier. En attendant la mise en place d’un système réaliste et pratique, répondant aux nécessités du marché de l’emploi et prenant en considération l’équation qualité de la formation/besoins de l’entreprise pour résorber le chômage, 200 mille nouveaux diplômés arrivent sur le marché du travail chaque année…
UTICA-UGTT : est-ce le conflit ?
Une chose est sûre : ce conflit ne rend service à personne. Les deux organisation nationales, qui il y a quelque temps œuvraient de concert au sein du dialogue national, devraient raison garder. Les déclarations du secrétaire général de l’UGTT, accordées à un média arabophone Alarabi aljadid, n’ont pas plu à l’UTICA. Il a prédit que la Tunisie connaîtrait les prémices d’une deuxième révolution et que « la majorité des hommes d’affaires courent après les privilèges et ne payent pas leurs impôts (…) ils habitent dans la tour d’ivoire de l’UTICA et s’échinent à privatiser les établissements de l’Etat, afin de renforcer l’exploitation des ouvriers ».
D’autres syndicalistes ont joué la carte de l’apaisement, tout en affirmant que les relations entre les deux organisations ne seront pas affectées par ces déclarations. La leçon à retenir : la centrale syndicale et la centrale patronale devraient faire table rase, afin de pouvoir affronter les prochains défis, d’autant que les négociations salariales dans le secteur privé sont pour bientôt.
Spirale des grèves, sit-in et grève de la faim. A qui la faute ?
Qu’il soit légitime ou non, le tourbillon des grèves a atteint pratiquement tous les secteurs de l’économie. L’augmentation du nombre des mouvements sociaux traduit un malaise social que les gouvernements successifs n’ont pas pu résoudre. Loin de criminaliser ces mouvements, un diagnostic profond sur les causes des mouvements sociaux est à faire dans l’urgence.