Cela fait 22 ans que la Journée de la presse est célébrée chaque année le 3 mai. Cette année, elle a été consacrée à la liberté d’expression et à la reconnaissance de la diversité. La liberté de la presse a toujours été à la pointe de la mobilisation pour une presse libre, pluraliste et indépendante. Et comme disait Thomas Jefferson, le troisième président des Etats Unis, en 1787 : “ S’il me fallait choisir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, j’opterais sans hésiter pour la seconde proposition”.
Reporters sans frontières, l’association Vigilance, le Centre de Tunisie pour la Liberté de la Presse ( CTLP ), le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, Community Media Solutions ( CM Solutions ), le World Association of Community Broadcasters ( AMARC ) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme ( FIDH ) tirent la sonnette d’alarme quant aux menaces qui pèsent sur la sécurité des journalistes et sur leur vie.
En effet, depuis le début de l’année 2015, le nombre d’agressions contre les journalistes et les blogueurs est un sujet d’inquiétude. Protéger leur sécurité physique et juridique, tout en leur facilitant l’exercice de leur fonction, telle est la démarche de RSF et d’autres organismes.
Quant au sort des deux journalistes Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari, disparus en Libye depuis le 8 septembre 2014, et donnés pour morts par les autorités libyennes, cela reste à confirmer soutient RSF qui déclare : “Il est urgent que toute la lumière soit faite sur leur sort”. Sur un autre volet, le gouvernement a soumis au parlement deux projets de loi, il y a environ deux mois de cela, le premier relatif à la lutte contre le terrorisme et l’interdiction du blanchiment d’argent (le 26 mars), le second à la protection des forces armées (le 8 avril). Ces deux projets de loi ont suscité un tollé parmi les journalistes, la société civile, les avocats, les syndicalistes.
Du côté du Syndicat national des journalistes ( SNJT ) on assiste à une levée de boucliers contre ces deux projets de loi, qui sont considérés comme une véritable menace dans le paysage médiatique qui se dit libre, étant donné qu’ils sous-tendent le retour à la censure, prévoyant des peines d’emprisonnement pour « outrage » aux forces armées, selon l’article 12, pour toute personne qui ose critiquer ou analyser.
Par ailleurs, “ les autorités se doivent de respecter les garanties prévues par les articles 31 et 32 de la Constitution, ainsi que les engagements internationaux pris par la Tunisie en matière de liberté d’expression et d’information ”, a affirmé RSF dans son communiqué en date du 30 avril.
Plus de 30 agressions ont été signalées contre les journalistes depuis le début de l’année 2015, dont une grande partie à l’intérieur du pays. Les premiers responsables sont les forces de l’ordre, d’après RSF.
Pour rappel, le 18 février dernier, six journalistes de la Télévision nationale, d’EL Moutawasset TV et de la radio Shems FM ont été agressés pendant qu’ils couvraient l’attentat terroriste de Boulaaba, à Kasserine. Mais, il y en a eu d’autres, comme celui de la journaliste de Radio-Kef, Hana Medfaï, poursuivie pénalement sur la base des articles 55 et 66 du décret-loi n°2011-115 : alors qu’elle traitait une émission sur la pédophilie en mars 2014, la journaliste a été accusée de “ diffamation pour des propos tenus par un des intervenants du programme ”. Accusation déboutée par le tribunal qui a prononcé un non-lieu en mars dernier.
De son côté, le rapport de l’organisation Freedomhouse a soulevé la question de l’évolution de la liberté de la presse durant les 20 dernières années: classée en 2013 48ème, la Tunisie caracole en 2014 au 53 ème rang pour l’évolution de la liberté de la presse.
Le droit d’expression est un droit reconnu à tous : “ Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit”, selon l’article 19 de a Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Citons enfin Albert Camus : “ La liberté, seule valeur impérissable de l’histoire ”.