Mourad Sakli musicologue, compositeur et ancien ministre de la Culture, a affirmé, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, en marge de la troisième édition de JAOU-Tunis, que la Tunisie ne doit calquer aucune stratégie culturelle d’un autre pays, étant donné qu’elle a ses propres traditions culturelles. D’après l’ancien ministre, » nous devons garder les points phares de nos stratégies culturelles, par exemple un nombre intéressant d’institutions culturelles qui dépasse les 700 institutions et le soutien et la subvention de l’Etat aux artistes et aux intellectuels. »
Cependant Mourad Sakli a estimé que parmi les désavantages du modèle culturel du pays figure la domination total de l’Etat sur la subvention culturelle selon ses propres critères. Il a plaidé pour la diversification de la source de financement des créations culturelles (mécénat, RSE, investissement privé et fondation). « Ainsi avec la diversification des sources de soutien et de promotion de l’art, les créateurs se trouveront facilement face à plusieurs sources de financement et ne dépendront plus uniquement du soutient de l’Etat » dit-t-il.
Dans le même contexte, il a tenu à préciser que la diversification des sources de financement ne veut pas dire que l’Etat doit cesser de monopoliser le soutien de la culture.« Je rappelle que pendant 50 ans, la seule possibilité pour un artiste de produire une œuvre artistique était le soutien du ministère de la Culture » dit-t-il. Dans ce contexte Mourad Sakli a rappelé le programme du mécénat lancé pendant son mandat conjointement avec le ministère de l’Economie et des Finances.
Par ailleurs, l’ancien ministre a affirmé qu’il n’est pas possible de calquer une stratégie culturelle qui a réussi dans d’autres pays arabes et de l’adopter en Tunisie : « Nous devons être au courant de toutes les politiques culturelles dans le monde, mais nous devons bien étudier la société tunisienne au niveau des coutumes et traditions, afin d’établir une politique culturelle qui soit adaptée à la Tunisie » affirme-t-il. « Pour moi les dix prochaines années sont celles de l’association entre l’économie, la culture et le développement durable. Si cela ne se réalise pas, nous ne pourrons pas sauvegarder notre patrimoine », conclut-il.