Chers lecteurs, je ne vous parlerai pas cette semaine de la fronde des magistrats et de l’immense colère qui a accompagné l’accouchement controversé du Conseil supérieur de la magistrature, dont on nous promet qu’il sera le feuilleton chaud de l’été, ni des événements sanglants survenus ces derniers jours dans la localité d’El Faouar, dans le gouvernorat de Kébili (on soupçonne le CPR de l’ancien président de la République Moncef Marzouk d’être derrière les agitations). Je ne vous parlerai pas non plus du bilan des cent jours du gouvernement Essid, bien que la tentation soit forte, et dont on dit qu’il est mi-figue, mi-raisin. Enfin, je n’évoquerai pas cette Libye voisine qui nous cause bien des soucis et qui n’arrête pas de nous montrer son ingratitude, alors que près de deux millions de ses ressortissants fuyant les combats sont venus chercher refuge dans cette Tunisie que l’on veut déstabiliser.
En revanche, je vais vous parler encore une fois d’un curieux personnage qui incarne, à mes yeux, l’ambiguïté qui accompagne hélas cette lutte contre le terrorisme que l’on veut sans failles et qui, encore une fois, trouve son expression dans cette nonchalance affichée vis-à-vis des déclarations plus que douteuses de Ridha Belhaj, visage connu de Hizb Ettahrir et son porte-parole, sur sa philosophie de l’Etat et de ce que devraient être ses institutions.
Qu’a-t-il dit ? Hé bien, il a pleuré à chaudes larmes sur la qualité du prêche du vendredi, devenu, selon lui, une pâle copie de ce qu’il était du temps de sa splendeur sous les deux gouvernements de la défunte troïka, où le discours haineux était la règle. Il a même poussé la provocation jusqu’à disserter longuement sur le terrorisme et ses méfaits, feignant d’oublier qu’il n’y a pas si longtemps, il s’affichait en toute tranquillité et sans gêne, aux côtés des pires figures du jihadisme pur et dur. N’étant pas à un paradoxe près, il a fait encore mieux en n’hésitant pas à louer le courage et les sacrifices consentis par nos braves forces de sécurité.
Un comble. Hier méchant « taghout » qu’il faut éliminer sans pitié, ces dernières sont devenues, par la grâce de M. Belhaj, dignes de la plus haute considération et du plus profond respect. De quoi vous faire tomber à la renverse. A quoi joue ce caméléon et de qui se moque-t-il ? Surtout, que pense-t-on en haut lieu d’un personnage devenu multi récidiviste ? Alors, Ridha Belhaj, simple agitateur ou diabolique manipulateur ?