Les Chambres de commerce mixtes tuniso-britannique, tuniso-française et tuniso-italienne ont organisé conjointement, aujourd’hui 02 juin 2015, un petit déjeuner-débat sur le secteur du tourisme en Tunisie.
La rencontre a été animée par la ministre du Tourisme, Mme Selma Elloumi Rekik, qui a introduit les discussions par une présentation du secteur, les difficultés conjoncturelles et structurelles qui entravent son développement, les perspectives d’avenir ainsi que les réformes à entreprendre pour sortir le tourisme tunisien de la crise qu’il traverse.
Après quatre années d’instabilité et 6 gouvernements successifs, la Tunisie s’est dotée d’une nouvelle Constitution, a déclaré la ministre qui a ajouté que le gouvernement actuel est le premier de la deuxième République, le Président est le premier Président tunisien élu démocratiquement et l’ARP est la première Assemblée élue par le peuple.
Ces éléments sont importants et devront contribuer à la stabilité politique et sécuritaire du pays même si pour cette année le pays traverse une phase politique caractérisée par une crise économique et sécuritaire. Ainsi la priorité du gouvernement actuel est avant tout la sécurité et la paix sociale. Pour les 100 premiers jours du gouvernement, le minstère du Tourisme a proposé 17 mesures urgentes à prendre.
Selma Elloumi a ajouté que le secteur du tourisme tunisien souffre de difficultés qui remontent à plus de dix ans. Pourtant la Tunisie est une destination touristique par excellence avec 40.000 sites historiques et 150 musées dont seulement 47 sont visités. Depuis 2011, a ajouté la ministre , les indicateurs du secteur sont en baisse puisque par exemple le marché français, qui émettait plus d’un million de touristes par an vers la Tunisie, a baissé pour atteindre 700.000 touristes en 2014. Et c’est aussi le cas du marché italien. Il est donc nécessaire de prendre les mesures nécessaires pour sauver la saison en cours et mettre en place une stratégie d’avenir pour le secteur car il est nécessaire de régler les problèmes structurels et ne plus intervenir en pompier.
Une stratégie en quatre axes principaux
La stratégie discutée repose sur quatre axes principaux. Le premier intéresse la diversification du produit en développant de nouveaux produits tels le tourisme saharien, le tourisme de santé, le tourisme alternatif… De même, il faut revoir la situation des investissements mal étudiés et qui n’ont jamais été fructifiés quitte à les reconvertir dans d’autres types d’investissement, ce qui nécessitera la reconversion de certains projets hôteliers.
Le second axe intéresse la qualité du produit touristique. Il faut revoir cette approche de tourisme de masse et re-classifier certaines unités hôtelières pour les rendre en corrélation avec la prestation fournie. Le haut de gamme est un produit accessible à la Tunisie et qui ne doit pas faire peur comme l’attestent les investissements réalisés dernièrement en Tunisie par de grandes chaînes hôtelières haut de gamme.
L’image de la Tunisie, le branding est le troisième axe de cette stratégie. La ministre a déclaré que de par le monde de nombreuses destinations touristiques réalisent des taux de croissance de 5% et parfois des taux à deux chiffres comme c’est le cas de la Chine qui vise à accueillir 100 millions de touristes dans les années 2020 grâce à la mise en œuvre de nombreuses mesures telles que l’obtention du visa on line, la révision des brochures promotionnelles…
Le quatrième et dernier axe de cette stratégie présentée par la ministre est la formation. Actuellement, le secteur dispose de 8 écoles professionnelles, a déclaré Selma Elloumi. La formation est d’une grande importance pour le secteur et devrait être une obligation pour les unités hôtelières.
La ministre a ensuite mis en relief l’importance de l’artisanat en tant que vecteur de développement de l’emploi ajoutant que la qualité est incontournable et le recours à la certification et aux labels qualité une nécessité. D’ailleurs, ajoute la ministre, il y a une nouvelle gouvernance du secteur à mettre en œuvre en collaboration étroite avec les ministères intéressés, à savoir ceux de l’Intérieur, de la Culture et du Transport..
Concernant l’endettement de certaines unités hôtelières, la ministre a annoncé qu’un projet de loi est en préparation en collaboration avec toutes les parties intéressées : BCT, FTH, banques privées, finances.. et devra être prêt fin juin.
Les débats engagés suite à cette intervention ont abordé de nombreuses problématiques telles que la taxe de sortie, l’animation, le suivi des dossiers des promoteurs.
Les intervenants ont demandé, notamment, la révision de la taxe de sortie de 30 dinars, la désignation d’un seul interlocuteur pour les promoteurs, le renforcement de la formation professionnelle et le soutien au développement de produits alternatifs et la promotion du tourisme intérieur.