« Comment pouvoir nous acquitter de notre mission, alors que des parties administratives refusent de composer avec l’instance ? Comment ouvrir des bureaux régionaux, et effectuer des recrutements pour pourvoir à des postes nécessaires, avec le refus persistant du ministère des Finances de nous faire bénéficier des fonds nécessaires ? »
C’est en ces termes que s’est interrogée la présidente de l’Instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Sedrine, mardi, en marge d’un séminaire sur la justice transitionnelle organisée à Tunis, une année après la création de l’IVD, intitulé «Quelle justice transitionnelle voudrions-nous ? ».
Elle a encore rappelé que le législateur avait conféré à l’instance une totale indépendance pour s’acquitter de ses missions exceptionnelles et limitées dans le temps, sans que cela ne signifie qu’elle est au-dessus de tout contrôle.
« Notre travail est limité dans le temps, mais son impact va s’inscrire dans l’histoire, celle de notre peuple qui s’est soulevé pour ses droits », a-t-elle dit, ajoutant que « L’instance va travailler pendant quatre ans pour traiter les violations de six décennies, et garantir qu’elles ne se reproduisent plus dans le futur. »
Ben Sedrine a également fait savoir que l’instance avait commencé il y a deux semaines la tenue des séances d’audition des victimes, et a confié qu’elle avait réceptionné jusque-là 13 mille dossiers des victimes, signalant que l’instance n’a pas obtenu les fonds nécessaires pour ouvrir les bureaux régionaux, rapprocher ses services du citoyen et alléger les pressions sur son siège central.
À cet effet, elle en a appelé aux députés de l’ARP en vue d’assurer les fonds nécessaires à l’instance lors du prochain budget et lui permettre de s’acquitter de ses missions.
Et Ben Sedrine de conclure : «La réussite du processus de justice transitionnelle est une responsabilité collective, celle de l’IVD, mais aussi de l’État, des acteurs politiques et de la société civile».