L’enseignement et le diplôme universitaires ne mènent quasiment plus au succès. Chaque année, il y a davantage de chômeurs et les étudiants regrettent de plus en plus les années « gaspillées » à la faculté.
Dans ce sens, l’Union des professeurs universitaires et chercheurs tunisiens ( UPUCT ) a organisé une conférence de presse autour des défaillances du projet de réforme de l’enseignement supérieur, qui sera examiné par l’ARP, qui, selon le ministère, vise entre autres à réduire le taux de chômage, et devrait être appliqué durant les dix prochaines années.
Pour l’UPUCT, ce projet de réforme universitaire «est mort-né et un échec total». «Ce projet proposé par le ministère de l’Enseignement supérieur ne résoudra pas le problème », a estimé, sans laisser l’ombre d’un doute, le coordinateur de l’UPUCT, Najmeddine Jouida.
« Il y a une rupture entre nous et le ministère. Le projet de réforme a été conçu loin des principaux concernés et dans des bureaux fermés. Les idées sont parachutées, sans aucun rapport avec la réalité que nous vivons au quotidien », a-t-il regretté.
« Il n’y a pas de chiffres, ni de statistiques claires. Tout est fait à la hâte et nous sommes certains que c’est un projet mort-né », précise-t-il. Et d’ajouter : « Il n’y a même pas eu d’inspiration des expériences effectuées à l’étranger. Il n’y a ni les outils ni les indicateurs de réussite ».
Pour l’UPUCT, cela est complètement insensé : « Il n’y a aucune statistique du chômage par spécialité. Même lors de plusieurs réunions avec les décideurs, c’était la langue de bois avec des slogans légers », affirme Najmeddine Jouida. Son collègue et adjoint, Zied Ben Amor lui fait écho : « On nous parle de nouvelle gouvernance, mais qui va s’en occuper ? Et les comités, c’est encore pire. Qui sera aux manettes et qui va prendre des décisions ? Quels seront leurs objectifs et stratégies ? Personne ne nous a jamais répondu ».
L’UPUCT souligne ensuite un problème qu’elle juge « très grave », une migration des cadres universitaires surtout vers les pays du Golfe. « Nous manquons de plus en plus d’effectifs de qualité. Environ 3000 professeurs universitaires sont partis. Ceux qui restent n’arrivent plus à assurer les licences, que dire des mastères. Comment s’en sort-on ? Ce sont les vacataires qui prennent le relais, sans avoir les mêmes compétences ».
L’UPUCT est revenue ensuite sur un chiffre jugé catastrophique. « Nous avons 600 laboratoires de recherches biologiques. De l’autre côté, nous avons environ 700 chercheurs au chômage », s’est interrogé l’un des membres de l’Union, Zied Ben Amor.
Pour conclure, les membres de l’UPUCT ont affirmé que ce projet, qui sort après quatre années de travail, ne va faire qu’empirer la situation dans les universités tunisiennes : » S’il n’y a pas d’évaluation scientifique, nous allons partir, très rapidement vers le chaos le plus total « .