Plus que toute autre composante de la population, la jeunesse tunisienne a besoin de perspectives d’avenir, surtout avec et après la révolution qui a mis en exergue ce besoin vital. Le taux de chômage en Tunisie s’éleve à 16 % environ. Les femmes, dont près d’un cinquième sont sans emploi, sont particulièrement touchées par le chômage. De plus, le taux de chômage des diplômées avoisine les 35 %. Simultanément, les entreprises tunisiennes sont à la recherche de main-d’œuvre qualifiée.
Le marché de l’emploi en Tunisie souffre de problèmes structurels. Le Fonds emploi, mis en œuvre par la coopération allemande, GIZ, mandatée par le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement ( BMZ ) est en train de mobiliser un dispositif de solutions intégrées, en soutenant des projets qui répondent aux attentes des jeunes et aux demandes du marché de l’emploi.
Le programme Fonds emploi a pour ambition de faciliter l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi en tant que salariés ou installés à leur propre compte. Les interventions de ce fonds se veulent originales et innovatrices. Elles ont lieu jusqu’ici dans la plupart des régions du pays, notamment celles de l’intérieur. Elles se caractérisent par leur vocation pratique et efficace. Jusqu’ici, près des 2000 emplois ont été créés par ce fonds.
L’entreprise et la société civile en première ligne
Des projets sont ainsi mis en œuvre conjointement avec les acteurs du secteur privé et de la société civile. Une attention particulière est accordée aux régions défavorisées du pays. Les activités du Fonds reposent sur quatre approches fondamentales : l’amélioration de la formation continue en entreprise en est la première. Ce faisant, une attention particulière est accordée aux besoins réels de l’économie tunisienne. La deuxième approche est l’adéquation entre les exigences des entreprises, bien visibles à travers les nombreux postes à pourvoir, et les profils des chercheurs d’emploi. L’adéquation s’opère au moyen de la professionnalisation du placement et la gestion du personnel. L’amélioration de l’attractivité des métiers qui disposent d’un grand potentiel pour l’emploi et le soutien à la création d’entreprises, ainsi que le renforcement de l’esprit d’entrepreneuriat en sont les autres approches.
Les emplois : même là où on pense le moins
20 projets ont ainsi bénéficié de la sélection du Fonds Emploi. Les premiers résultats sont palpables : près de 2000 jeunes tunisiens ont pu accéder au marché de l’emploi. Des entreprises bénéficiaires de l’assistance du Fonds ont ouvert ainsi des centres de formation dans leurs spécialités. Il ne s’agit pas de la création en plus de centres de formation, par rapport à ceux déjà existants. Il s’agit au contraire de centres de formation pratiques, destinés à former des jeunes selon les besoins de l’entreprise promotrice et en fonction de besoins analogues d’autres entreprises s’activant dans le même secteur.
L’approche mise sur le caractère exemplaire des projets et sur les résultats bien visibles et encourageants. Exemple de projets : une formation innovante pour un tourisme de qualité; le projet « Restaurant d’application » s’inscrit dans une vision innovatrice de l’hôtellerie à Djerba. Il permet aux stagiaires de s’exercer en situation réelle, de faire partager leur passion et d’expérimenter les compétences acquises dans les cours rattachés à la cuisine et aux services. Les premiers candidats ont déjà réussi.
En matière de textile, et en collaboration avec l’entreprise Sartex, un centre de formation doté de moyens matériels, humains et pédagogiques, a été mis en place. Le centre offre des programmes de formation pratiques pour les jeunes, même ceux sans aucune qualification professionnelle. Les jeunes femmes et hommes trouvent ici de nouvelles perspectives professionnelles avec des conditions d’emploi convenables. Plus que 300 jeunes hommes et femmes ont déjà suivi une formation et décroché enfin un contrat de travail.
Comme nous pouvons le constater, ces deux secteurs, le tourisme et le textile, dont les perspectives d’emploi ne sont pas évidentes pour des raisons de difficultés internationales et de conjoncture nationale défavorable, ont pu embaucher des jeunes dont les qualifications acquises sont pratiques et répondent bien aux besoins des entreprises du secteur.
L’adéquation formation/emploi offre ainsi un terrain prometteur de recherche et de mise en œuvre. Le problème de l’emploi des jeunes est certes réel, mais il peut être solutionné, en grande partie du moins, par cette voie pratique d’explorations de terrain, déjà empruntée avec profit par le projet Fonds emploi.
Nous y reviendrons