Quand on parle de la pollution de l’environnement, on parle de la pollution de l’air, des sols ou encore de la pollution des eaux, pollution qui ne peut avoir que de graves conséquences non seulement pour l’homme, mais aussi sur son environnement. Comment la limiter ou à l’éviter? Comment peut-on la traiter d’une manière ou d’une autre? Quels sont les enjeux du moment et surtout comment agir, quels sont ses risques sur la santé?
Le sujet dont on entend le plus souvent parler depuis le 14 janvier est la pollution des sols, ou encore l’invasion des déchets solides qui souillent non seulement nos plages, mais encore nos rues et aussi toutes nos villes.
Abdelamjid, un citoyen tunisien, rencontré du côté de Belvédère, déclare: “Ce que nous voyons de déchets éparpillés un peu partout sur les sols est d’abord une responsabilité des autorités politiques ni plus ni moins. De plus, vous savez si chacun de nous ne jetait plus les ordures comme bon lui semble, le pays se porterait mieux et serait plus propre”.
Et d’ajouter : “ Quand nous étions sous l’ère Ben Ali, tout le monde travaillait en silence et personne n’osait ni parler, ni revendiquer. Maintenant ce n’est plus le cas. Nous observons des grèves à longueur de journée. Vous dites que c’est le prix de la liberté, mais ce n’est pas cela la liberté,cela ne veut pas dire faites ce que vous voulez. Malheureusement il n’y a aucune prise de conscience de soi”.
Et de poursuivre: “Si les municipalités étaient mieux équipées, disposaient de budget conséquent, peut être que cela irait mieux, je pense! Mais ce ne sont pas les municipalités uniquement qui sont concernées, c’est une affaire de tout le monde, de tous les citoyens. Et comme nous sommes à l’approche de l’Aïd el Kebir, on pense aussi aux règles d’hygiène !” L’écologie n’empruntera que le chemin de l’hygiène et cela commence par devant chez soi. Il faut considérer la rue comme sa propre maison et l’entretenir en tant que telle.
Un peu plus loin, au plein cœur de l’avenue de la liberté, Aziz, un jeune commerçant nous confie: “Comme vous voyez, nous sommes au cœur de l’avenue de la Liberté, qui est l’entrée de toute la capitale, sans oublier les artères. Nous avons par-ci, par-là des ambassades, un centre culturel espagnol, etc. On ne voit pas de poubelles fixes, pour jeter un papier ou une bouteille d’eau.”
Il continue : “Prenons l’exemple du citoyen qui prend le bus et qui a sur lui, une bouteille d’eau, que va-t-il en faire ? Il ne trouve pas de poubelle autour de lui, il la jettera forcément par terre parce qu’il n’a pas le choix tout simplement. Je le redis une fois de plus, c’est une question de mentalité, on ne pense ni au recyclage, ni au tri sélectif. Pour moi la solution réside dans l’éducation dès l’enfance. Il faudrait que les camions de collectes des ordures que nous voyons passer à des heures aléatoires fassent le ramassage à des heures précises, par exemple à l’aube, pour quand on se lève, on voit au moins un quartier propre. Le citoyen, lui-même sera encouragé à aller travailler. Il n’est pas normal que nous vivions dans une poubelle”, s’insurge-t-il.
Insaf déplore quant à elle l’état de l’environnement “ dans lequel nous vivons car ceci ne préoccupe qu’un nombre restreint de personnes, malheureusement”, renchérit-elle. Elle déclare : “Il faudrait être conscient de ce genre de problème. Pour parler de l’environnement, il faut avoir résolu certains problèmes, tels que les besoins premiers qui sont la nourriture et une vie décente. Il faut sensibiliser les personnes comme ce qui se fait pour les bouteilles en plastiques. A mon avis, le comportement du Tunisien a empiré, puisque avant il y avait une crainte, alors que maintenant il y a un laisser-aller. C’est de nouveau l’Etat qui doit mettre en place une politique étudiée qui vise l’environnement.”
Il est clair que les répercussions de la pollution entraînent de lourdes conséquences non seulement sur l’environnement, mais aussi sur l’homme en général. Par exemple, le fait de jeter les détritus et des déchets de construction n’importe où, dans les rues et dans la nature, ou encore le brûlage des déchets, devenue malheureusement une pratique courante. A cela s’ajoute l’absence de viabilisation dans les espaces de collecte de déchets municipaux ( Chott Meriem… )
Les personnes âgées et les ménages à faible revenu ayant un accès limité aux soins de santé sont les plus touchés
Quels sont les impacts sur la santé humaine de laisser pourrir des poubelles dans la rue, des déchets plastiques brûlés à coté des habitations, du déversement des eaux chargées de matière fécale directement dans la mer? Beaucoup de questions auxquelles le Chef de service, responsable des maladies infectieuses à l’hôpital de la Rabta, le Pr. Hanene Tiouiri, a bien voulu répondre.
Pour elle, l’accumulation des ordures entraîne la prolifération des microbes, des parasites et des risques de maladies contagieuses. Elle déclare : “ Vous savez quand vous avez des ordures ménagères qui sont éparpillées un peu partout, elles putréfient. Vous avez une série de pathologies qui en découlent, comme les salmonelles, l’hépatite A, le choléra, des cas d’allergie dues aux risques infectieux etc. Sans oublier les polluants organiques persistants ( POP ). Tous ces problèmes environnementaux sont accentués par des changements climatiques, qui peuvent les aggraver”.
Comment peut-on limiter la pollution? “Cela passe par la propreté. Il faudrait que ces déchets soient traités et que chacun d’entre nous prenne ses responsabilités; en commençant par le citoyen lamda, puis les municipalités, qui ont aussi un rôle à jouer”.
Pour Slim Robbana, un fervent défenseur de l’écologie, “les personnes âgées et les ménages à faible revenu ayant un accès limité aux soins de santé sont les plus touchés par les effets préjudiciables de l’exposition à la pollution, ils sont les plus vulnérables et risquent de développer des maladies respiratoires aiguës (pneumonie, par exemple) et chroniques ainsi que des maladies cardio-vasculaires et cutanées ”, dit-il.
Faudrait-il attendre la propagation d’épidémies pour faire réagir les municipalités? Dans quelle Tunisie vivons-nous? La moindre des choses serait de respecter notre terre nourricière qui a certainement plus besoin de notre protection que des atteintes dont elle est victime.