Portes défoncées, réception envahie, fenêtres brisées, insultes, des « dégage » par-ci par-là, jets de pierres, violences physiques. C’est une scène de guérilla qui s’est déroulée ce dimanche 1er novembre, devant un hôtel à Hammamet, où devait se tenir au même moment la réunion du bureau exécutif du parti Nidaa Tounes. Une fois de plus, le clivage politique qui oppose deux pôles, entre le secrétaire général Mohsen Marzouk et le vice-président du parti Hafedh Caïed Essebsi junior avec cet énième épisode se creuse davantage. Rien ne va plus à Nidaa, et le moins qu’on puisse dire c’est démoralisant pour le parti.
La situation s’envenime de plus en plus, le face-à-face a été violent, le porte-parole du parti Boujemaa Remili, a été secoué, des femmes en pleurs. Maintenant, l’enjeu principal du parti, n’est plus de trouver un consensus autour d’une feuille de route, ou encre préserver l’identité qui est basée sur la diversité d’horizons, mais il y va du salut de Nidaa Tounes. Est-ce la fin d’une idylle politique pour les plus d’un million de Tunisiennes qui ont voté massivement pour Béji Caïed Essebsi ?
A leur tour, les milices, plus connues sous le nom de Ligues de protection de la révolution, les fameux LPR reviennent sur le devant de la scène. Leur but! Empêcher les gens de rentrer, et suspendre la réunion prévue. C’est en partie, la mission qui leur a été confiée. Qui sont ces milices qui ont endossé ce rôle d’alimenter la violence politique ? Toutefois, il faut aussi se rappeler qu’à un moment donné, ils servaient de bras armé au mouvement islamiste, parti au pouvoir, il y a deux ans de cela. Leur cible d’aujourd’hui est claire, faire la chasse aux membres du bureau exécutif.
La question que l’on se pose: jusqu’à quand va durer cette bataille de coqs ? Quel est son but ? Une majeure partie des membres du bureau exécutif accuse directement le vice-président Hafedh Caïed Essebsi d’être derrière ce conflit. Pour la simple raison qu’il n’a eu de cesse de remettre en cause la création du bureau politique et exécutif qui, selon lui, serait caduque. Pour lui, le seul organe légal serait le comité fondateur, or ce comité fondateur, pour rappel, est l’une des composantes du bureau politique élu le 22 mars.
Retour à la case départ!
Qui dit retour, dit blocage à un processus déjà mis en place et qui dure plus de six mois! Pourquoi maintenant ? À quand la fin de la crise interne du parti? Les Tunisiens n’y croient plus vraiment, parce que pas moins d’une semaine, tout le monde parlait de l’appel à l’unité, voilà que cet appel a changé de direction, mais qui devient cette fois-ci plus “flou” que jamais.
La situation est difficile. Tout doit se jouer sur les décisions, c’est à dire mettre fin à la crise. Par quel moyen? Est-ce que le Président de la République, Béji Caïed Essebsi, le père fondateur de Nidaa Tounes, sortira-t-il de son silence ? Un silence assourdissant, voire déconcertant car il aurait dû intervenir pas seulement en tant qu’ ancien chef du parti, mais aussi en tant que Chef d’Etat. L’heure est vraiment grave : il y a apparemment des lobbies qui ont un agenda précis concernant le destin du pays.
Il y a urgence, y a-t-il encore une possibilité de réconciliation entre les deux clans ? La situation se complique de plus en plus. Cela dit, à l’ARP, cela engendrerait 30 députés en moins, le parti majoritaire représenté à l’Assemblée risque de devenir minoritaire ! A suivre…