« Much Loved » de Nabil Ayouch, le film polémique interdit au Maroc figure sur la liste des films sélectionnés dans la compétition officielle de la 26ème édition des Journées cinématographiques de Carthage 2015.
De quoi s’agit-il et pourquoi ce film a-t-il soulevé autant de vagues, au point que les comédiennes ont vécu sous protection au Maroc, car elles ont reçu des menaces de mort via les réseaux sociaux? L’histoire se déroule à Marrakech, Noha, Soukaïna et Randa se prostituent pour vivre. Les jeunes femmes sont organisées et, conduites par Saïd, leur homme à tout faire, elles passent d’un bar à une boîte de nuit ou à une soirée privée. Encadrées par des maquerelles, elles vendent leur corps : touristes, Marocains, mais aussi Saoudiens de passage au Maroc. Energiques et indépendantes, elles sont néanmoins victimes de l’hypocrisie d’une société patriarcale qui n’assume pas leur existence…
Elles sont trois prostituées inséparables, seules contre tous, en butte aux « honnêtes gens », à la famille qui prend l’argent « sale » des passes en se pinçant le nez. Sans compter les flics corrompus, et bien sûr les clients, tartufes, prédateurs et frustrés imprévisibles. Sauf que cette histoire s’enracine au cœur du monde arabe, dans l’hypocrisie d’une société à la limite de la schizophrénie.
Présenté en mai dernier à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs, le film a aussitôt embrasé le Maroc, avant même de pouvoir y être diffusé. Il a valu au cinéaste la plus violente polémique de sa carrière et une censure pour « outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine ». Nabil Ayouch comme son actrice principale ont même reçu des menaces de mort.