Des perspectives relatives au financement de projets ayant un rapport avec les changements climatiques ont été présentées hier lors d’un panel faisant partie de la conférence-débat « Changements climatiques et développement : enjeux et solution », tenue à Tunis.
Stephane Gompertz, Ambassadeur Climat pour la région Afrique du Nord et Moyen Orient, a indiqué que l’objectif que la communauté internationale s’est fixé est de rassembler au moins 100 millions de dollars par an. Il s’est référé à une étude publiée par l’OCDE affirmant que l’ensemble du financement mobilisé pour le climat a atteint quand même 62 millions de dollars en 2014. Pour l’intervenant, un chiffre pareil prouve qu’atteindre 100 millions de dollars par un an n’est pas un chiffre absurde. Pour lui, il s’agit de mobiliser toutes sortes d’acteurs pour contribuer au financement pour l’amélioration et la stabilité du climat. Revenant sur les discussions de la COP, à savoir le marché de Carbone, la question qui se pose d’après lui est la suivante: est-il possible de ressusciter les marchés de carbone? Cependant, il a estimé qu’atteindre un marché international de carbone est un objectif hors d’atteinte.
En ce qui concerne le financement, l’intervenant a souligné l’existence de fonds multilatéraux, à l’instar du fonds spécial climatique qui a été créé en 2001 en application de la convention de Rio et qui a réussi à mobiliser 300 millions de dollars. Le fonds a pour particularité d’être focalisé sur les projets d’adaptation. Il a réussi à mobiliser en 2015 la somme de 318 MD. De même, le spécialiste a indiqué qu’il y a le fonds pour les PMA créé en 2001 et « l’ensemble des crédits qui ont été promis à ce fonds se montent à 915 millions de dollars ».
Revenant sur le fonds vert, l’intervenant a indiqué qu’il a réussi à mobiliser plus de 100 milliards de dollars. « Une des particularités du fonds c’est qu’il doit financer à parts égales les projets d’atténuation et les projets d’adaptation », précise-t-il. La part de l’Afrique dans les projets qui viennent d’être adoptés est de 25%. L’intervenant a rappelé qu’en marge des assemblées générales de la Banque mondiale et du FMI, tenues il y a quelques semaines, des organismes multilatéraux ont annoncé une hausse très significative de leur financement pour le climat. La contribution de la France passe de trois à cinq milliards d’euros, l’Allemagne prévoyant quatre milliards d’euros en 2020. La Banque mondiale augmentera d’un tiers, soit 28 milliards de dollars et la BAD envisage de tripler sa contribution d’ici 2020.
Philippe Cyrille Berton, Directeur de l’AFD en Tunisie, a quant à lui indiqué que l’objectif est d’atteindre une croissance verte et solidaire et que la question qui se pose est de savoir comment la réaliser ? Et d’indiquer que l’AFD n’a pas de réponse, comme c’est le cas de plusieurs institutions de financement, tout en affirmant qu’il s’agit d’un chantier collectif. D’après lui, il faut penser au financement additionnel. Concernant l’AFD, le gouvernement français a demandé qu’en 2014 50% des engagements financiers de l’AFD bénéficient au climat, raison pour laquelle une méthode d’identification et de calcul a été faite.
Concernant la méthode adoptée, l’intervenant a indiqué qu’elle est basée sur le bilan carbone. En matière d’adaptation, le sujet est encore plus délicat, estime l’intervenant et d’indiquer que l’AFD vient d’être agréée par le Fonds vert. Dans le même contexte, il a souligné l’importance du concept de développement durable vert.
Ahmed El Karam, président du directoire d’Amen Bank, quant à lui, est revenu sur l’expérience de sa banque dans le financement des projets de développement durable. Comment une banque peut-elle intégrer dans son plan d’action le développement durable? D’après l’interlocuteur, l’histoire a débuté quand la banque s’est adressée à des bailleurs de fonds pour recourir à des crédits en vue de répondre aux besoins des entreprises tunisiennes. La réponse était que financer des projets de développement durable faisait partie des conditions d’octroi de crédit, pendant les années 80-90. Suite à cette condition préalable, Amen Bank a exigé des études d’impact des entrepreneurs qu’elle finançait. Puis, avec l’entrée de la Société financière internationale ( SFI ) comme actionnaire dans la banque, une structure a été créée pour le suivi de la conformité des projets au respect de l’environnement et en cas de non-conformité, les sanctions peuvent aller jusqu’au refus de financement.