Pour le troisième trimestre consécutif, la croissance économique s’affiche négative et, par conséquent, la récession économique sera inévitable avec une croissance qui accusera un recul de 0,6% pour toute l’année 2015.
Cette récession, que la Tunisie connaît pour la première fois est expliquée par une économie qui ne crée pas d’emploi, d’où un taux de chômage de plus en plus en hausse, et pas de nouvelles richesses.
Face à cette situation, une question se pose : la Tunisie est-elle capable de rembourser sa dette extérieure? Notons que les montants à rembourser sont de l’ordre de 4,5 milliards de dinars en 2015, 4,3 milliards de dinars en 2016 et plus de huit milliards de dinars en 2017.
En réponse à cette interrogation, l’économiste Ezzeddine Saidane nous a affirmé, en premier lieu, que depuis l’indépendance, la Tunisie a honoré ses créances de la dette à temps. Mais l’endettement, contracté massivement après la révolution tunisienne l’a été à un terme de remboursement très court (5 ans), ce qui a engendré une accumulation d’échéances qui doivent être remboursées à partir de 2016 et surtout de 2017. Par conséquent, les années 2017, 2018 et 2019 seront, selon ses propos, des années très difficiles pour la Tunisie.
Pour s’en sortir, M. Saidane a indiqué que la Tunisie sera obligée de rééchelonner sa dette extérieure. «Cette possibilité fait perdre à la Tunisie sa crédibilité et tout endettement futur se fera à des conditions sévères et même l’accès au marché financier international sera très difficile.
Parallèlement, la Tunisie doit recourir au capital étranger parce que le taux d’épargne nationale s’est effondré de 22 % en 2010 à -12% actuellement, ce qui ne permet pas d’atteindre plus de 2,5 à 3% de croissance. Ainsi, notre interlocuteur a préconisé de faire sortir en urgence la Tunisie de la récession économique pour pouvoir honorer les échéances de la dette extérieure.
Revenant sur la proposition du Front Populaire qui prône la suppression du remboursement de la dette extérieure et l’utilisation de ces montants dans des projets de développement, l’économiste a qualifié cette possibilité de pure démagogie et d’approche très dangereuse. Il s’agit, selon ses dires, d’un crime économique et financier vis-à-vis des générations futures.