Réagissant à la grève générale décrétée par l’ UGTT, l’historien, écrivain et président de la Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l’information, Abdeljelil Temimi, a indiqué à leconomistemaghrebin.com que Farhat Hached a donné au peuple tunisien la plus forte des centrales syndicales pour défendre les droits des ouvriers. « L’histoire de l’ UGTT confirme bel et bien l’unicité de son expérience dans le monde arabe. Il n’existe aucune organisation qui ait émané du peuple comme l’ UGTT », indique-t-il.
L’écrivain a rappelé qu’il a vécu plusieurs grèves générales dans le passé qui ont traduit l’absence de cohésion et de consensus entre la centrale syndicale et le pouvoir politique de l’époque, à l’instar du 26 janvier 1978 qui a provoqué le déclin du pays à l’époque.
Revenant sur la situation actuelle, l’historien rappelle que le pays passe par une période économique catastrophique, confirmée par tous les experts nationaux et internationaux. « Tous les experts nationaux et internationaux nous recommandent de sauver la Tunisie et sa révolution ». « Je sais que plusieurs syndicalistes au sein de l’UGTT ont beaucoup de patriotisme et il est décevant que la grève soit décrétée. Je pense que ce n’est pas le moment adéquat. Je pense que les syndicalistes patriotes ne sauraient ignorer les menaces de la grève générale », fait-il remarquer. Dans le même contexte, il a estimé que les syndicalistes doivent œuvrer pour sauver le pays, notamment pour que le pays ne soit plus l’otage de la moindre grève. « L’ UGTT doit instaurer la paix sociale au moins pour deux ans. Si on arrivait à mettre fin à ces grèves et à instaurer une véritable paix sociale avec l’ UGTT, cela serait l’accomplissement d’un devoir national », explique-t-il.
A notre question de savoir si pour faire aboutir les négociations sur les augmentations salariales il faut obligatoirement brandir la menace de la grève générale, notre interlocuteur répond par la négative. « Le sauvetage de la Tunisie passe par des concessions et non par le défi qui ne mènera à rien. Quant aux droits, ils finiront par être obtenus, sauf que la situation économique ne le permet pas pour le moment », considère-t-il. « Nous croyons qu’insister autant sur les augmentations salariales dans une situation économique si délicate ne pas peut être considéré comme patriotique, encore moins quand il s’agit de la défense des droits des ouvriers », conclut-il.