Ghazi Moalla, expert tunisien des affaires libyennes, a affirmé dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que le gouvernement tunisien actuel n’est pas apte à soutenir une guerre : « Absolument! La preuve en est que depuis plus d’un mois nous n’avons pas un ministre de la Justice. Le terrorisme a frappé le pays depuis le mois de mars. Il vient d’essuyer une troisième attaque », dit-il. Et de continuer : « Ce gouvernement a sur les mains le sang de plusieurs morts, depuis son accession au pouvoir », insiste-t-il. Dans le même contexte, le spécialiste s’est interrogé : « Est-il concevable qu’il n’existe aucun ministre à la hauteur de la mission? ». « Pour gagner la guerre, il faut qu’il y ait un vrai casting de guerre », recommande-t-il.
Répondant à une question relative aux mesures prises par le Conseil national de sécurité, Ghazi Moalla a estimé qu’il s’agit de « mesurettes » et non pas de mesures, « mais mieux vaut tard que jamais! ». Pour ce qui est de la mesure relative à la fermeture des frontières avec la Libye, Ghazi Moalla a indiqué que c’est une mesure de précaution. « Suite à une opération pareille, les terroristes peuvent prendre la fuite vers le territoire libyen, raison pour laquelle il faut fermer la frontière car s’ils arrivent à s’échapper du territoire tunisien, il ne sera plus possible de les rattraper », fait-il remarquer.
Cependant, la fermeture des frontières n’est pas une mesure efficace pour lutter contre le terrorisme et empêcher l’accès des terroristes sur le sol national, car ils peuvent utiliser les frontières algériennes ou d’autres points d’accès (Maroc, Turquie). « Le terroriste auteur de l’opération de l’avenue Mohamed V n’a jamais voyagé en Libye. C’est un citoyen tunisien qui n’a jamais quitté le territoire tunisien, ce qui incite à se demander si la fermeture des frontières avec la Libye est une bonne solution à long terme », s’interroge-t-il.
Le spécialiste a indiqué qu’il faut préparer une base de données sur tous les Tunisiens et Libyens présents sur le territoire national et qui représentent une menace réelle pour la sûreté nationale. Répondant à une question relative à la possibilité d’une collaboration avec les autorités libyennes pour combattre le terrorisme, le spécialiste précise: « Collaborer oui mais avec qui? A présent en Libye, il n’existe pas de vis-à-vis unique et représentatif du pouvoir central. Il y a plutôt une constellation de milices armées qui portent une idéologie takfiriste, certaines appartenant à des partis politiques. C’est une Libye avec deux gouvernements et deux parlements ».
En conclusion, Ghazi Moalla recommande : « Il faut savoir que les services de renseignement mondiaux ont infiltré les groupes armés de tout acabit présents sur le sol libyen et disposent, il va sans dire, d’ informations cruciales concernant la sûreté nationale. C’est donc auprès de ces services internationaux que ces précieuses informations sont à rechercher et à prendre avec sérieux, si nous voulons prévenir de nouvelles actions terroristes. Car sans l’information, point de succès », assène-t-il.