A J-2 de la date de la remise du Prix Nobel de la Paix au Quartet, aucun accord n’a été conclu entre la centrale patronale et la centrale syndicale sur le taux de l’augmentation salariale relative au secteur privé. Toutes les tentatives de conciliation menées par le ministère des Affaires sociales n’ont mené à rien et s’ajoute à cela la démission de Mustapha Habib Testouri, membre du bureau exécutif de l’UTICA et ex-président de l’UR Nabeul, sur fond d’échec des négociations. Une démission qui n’est pas sans interpeller les observateurs dans un contexte pareil.
Alors que la Tunisie a un rendez-vous avec l’histoire ce 10 décembre 2015 à Oslo, date de la remise du Prix Nobel au Quartet, le dossier des négociations sociales n’a pas été clos. Comment être fier d’un exploit pareil, à savoir le Prix Nobel de la Paix, à un moment où les récipiendaires du prix ont failli à leur devoir qui consiste en la réalisation d’un accord sur les augmentations salariales. A Oslo, le Quartet sera reçu en grande pompe, mais en Tunisie, les travailleurs continuent à subir le joug de la misère et regarderont avec toute l’impuissance du monde leur pouvoir d’achat dégringoler.
Ce Quartet a réussi à faire éviter à la Tunisie la guerre civile dévastatrice, tout en prônant l’esprit de la paix et du dialogue social. Nous l’avons déjà vu : plusieurs séances de négociations marathoniennes se sont tenues, de la crainte, de l’enthousiasme, mais enfin de la victoire et de la fierté de cette Tunisie et de ses enfants qui ont pu réussir cette exception tunisienne.
48 heures nous séparent d’un jour mémorable mais les signes d’une grande fissure entre l’UGTT et l’UTICA sont bel et bien là. Les représentants de l’UTICA et de l’UGTT ont décidé de se rendre à Oslo séparément, dans un acte qui rime avec la désunion. Malheureusement cette consécration historique n’a pas réussi à faire comprendre au Quartet qu’il fallait oublier leurs soucis internes et s’unir rien qu’une fois pour l’image de ce pays qu’ils ont sauvé à un certain moment.
Il est à noter que la délégation de l’UTICA a choisi de se rendre séparément à Oslo. Quant à l’Union générale tunisienne du travail ( UGTT ), elle a choisi de rendre hommage, à cette occasion, au leader syndicaliste Farhat Hachad, en baptisant de son nom l’avion spécialement affrété pour l’occasion et devant transporter les délégations de l’UGTT, de l’Ordre national des avocats et de la Ligue tunisienne pour les droits de l’Homme ( LTDH ).