Faire venir à Tunis, en cette journée du mercredi 9 décembre, le menu gratin des médias français prouve à quel point le ministère du Tourisme a été fort bien inspiré. Du grand art! Comment qualifier autrement cette opération-éclair, à forte valeur affective, émotionnelle et… professionnelle.
Belle initiative du ministère qui n’a de cesse d’allumer de toutes parts les feux de la reprise du secteur et lui faire remonter la pente. Il doit au plus vite retrouver des couleurs. Mme Salma Elloumi Rekik renoue avec cette grande tradition de politique de communication digne et efficace. Qui interpelle autant le cœur que la raison des faiseurs d’opinion.
La vérité est que cette initiative confine à l’exploit. Inviter en ces temps marqués par les douloureux souvenirs et le spectre du terrorisme la fine fleur- voir les noms- des grandes figures de la presse écrite et de l’audiovisuel français, les faire venir à Tunis l’espace d’une journée, pour rompre le mur de la peur et faire fondre la glace du terrorisme est ce que pouvait faire de mieux le département ministériel en charge du secteur touristique. Il ne saurait mieux se rappeler au bon souvenir de nos amis français.
La ministre a convié ses invités à un copieux déjeuner à Sidi Bou Saïd, au Restaurant Le Pirate. Tout un clin d’œil qui n’est pas passé inaperçu… Le lieu est somptueux et est chargé d’histoire et de symbole : il donne sur le grand large, sur la magnifique baie de Carthage. Salma E.R. a, à l’occasion, prononcé, dans cette ambiance très conviviale, un speech fort apprécié et applaudi par les représentants des médias peu connus pour leur complaisance. En si peu de mots, en les regardant droit dans les yeux, elle leur a fait part, dans la langue de Molière, des efforts déployés par les Tunisiens pour sécuriser, au-delà des sites touristiques, tout le pays. Elle s’est voulue rassurante de la même manière qu’elle s’est employée à rassurer les tour-opérateurs et les professionnels du secteur. Elle leur a dit tout son souhait, son désir de voir revenir en grand nombre les touristes français, révélant au passage, avec beaucoup de sincérité, qu’il n’y a pas plus de sécurité ailleurs qu’en Tunisie.
Elle voulait- et elle y est parvenue avec force conviction- envoyer un signal fort en faveur de la Tunisie apaisée et de son printemps démocratique. Message reçu. C’est ce que s’est empressé de lui signifier au nom de l’ensemble de ses collègues… Perico Legasse, journaliste à Marianne, qui a pris de lui-même la parole tant il voulait témoigner de la solidarité du groupe, de son adhésion et de son engagement plein et entier au profit du pays : « Oui nous aimons ce pays, oui nous allons revenir, oui nous allons le dire haut et fort à nos compatriotes et les inviter à revenir en Tunisie. » C’est ce qu’ils pourraient faire de mieux, ils ne sauraient apporter meilleure réponse aux terroristes.
A l’issue de quoi et comme pour accompagner la traversée du dessert, le succulent Raja Farhat fit étalage de son savoir et s’est livré à un exercice inédit : raconter Carthage. Il le fit mieux que n’importe quel historien confirmé : « Carthage qui, dira-t-il, a été plus d’une fois brisée, détruite, vaincue, mais jamais soumise. Elle renaît constamment de ses cendres et sut, à travers son histoire plus d’une fois millénaire, se donner à chaque fois la force de se relever, de se redresser, de rayonner et d’attirer, hier les conquérants et aujourd’hui, les hommes et les femmes férus de voyage, de découverte et d’ouverture sur le monde. Elle sut s’accommoder des premiers et séduire les seconds parce que les uns et les autres devenaient au contact du pays de fervents… Tunisiens. » Que pouvait-il dire de plus à l’adresse des convives qui l’ont chaudement applaudi?