Ce n’est pas un canular, mais nos honorables députés viennent de sanctionner le ministère des Affaires étrangères pour mauvaise copie, en décidant de rogner sur son budget, envoyant par la même occasion nos chers diplomates (bons et mauvais, hé oui, il y en a), à leurs chères études. Presqu’un blâme pour mauvaise conduite qui, en plus, est tombé au plus mauvais moment.
En forçant un peu le ton et les traits, et après avoir entendu et vu à l’Assemblée certaines interventions pour justifier une telle décision et ce, après avoir descendu en flèche l’action diplomatique du gouvernement, je suis tenté de dire que le ministre Taieb Baccouche et ses deux secrétaires d’Etat Touhami Abdouli et M’Hamed Ezzine Chlaifa, n’auraient qu’à aller se rhabiller. Mais ce serait aller très vite en besogne, même si ce n’est pas la première fois que M. Baccouche fait l’objet de critiques assez virulentes.
Ce n’est pas aussi la première fois que sa tête est demandée par ses adversaires politiques qui estiment qu’il ne fait pas assez, notamment dans la gestion de la crise libyenne et syrienne et qu’il ne fait pas également assez avec la Turquie dans l’affaire des djihadistes tunisiens qui transitent par ce pays pour aller guerroyer en Syrie et en Irak. Comme si ce dernier, ou celui qui serait peut-être appelé à lui succéder, avait les moyens matériels et humains d’une diplomatie que l’on voudrait plus agressive, en conformité avec l’esprit de la révolution, et plus en phase avec les mutations que connait aujourd’hui la géopolitique régionale et internationale.
Rien que ça, avec si peu de moyens et rien que ça, alors que la donne a complètement changé et que les hommes ne sont plus les mêmes. Et puis, arrêtons de parler de cet âge d’or de la diplomatie tunisienne qui a fait son temps, même s’il nous a légué de précieux fondamentaux qui continuent à servir de boussole à notre action diplomatique.
Pour résumer, je dirais à nos honorables députés, qui ont été si rapides à dégainer et à tirer, ceci : avant de demander des comptes et d’exiger un rendement à même de se hisser au niveau des contingences et par la même à celui des attentes, avez-vous fait l’effort de chercher à savoir si notre diplomatie avait ou pas les moyens de ses ambitions? Vous avez répété à satiété l’urgence d’explorer de nouveaux marchés, d’aller en Afrique anglophone, dans le Sud-est asiatique, aux Amériques et de faire plus pour booster l’économie et attirer les investissements étrangers synonymes d’emploi dont le pays a tant besoin.
Tout cela est bien beau, mais savez-vous que nous sommes sous-représentés dans toutes ces parties du globe par manque de moyens? On a bien essayé, par le passé, ces missions économiques dites itinérantes pour compenser, mais elles n’ont pas fait long feu. Je ne dis pas que les critiques sont toutes infondées, mais comme dit le proverbe, la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et puis, la guerre contre le terrorisme se fait aussi sur le terrain diplomatique, il ne faut pas l’oublier.
Je n’oublierai pas, pour ma part, ce bon mot de l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchil qui vaut d’ailleurs pour tout le monde : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal, c’est le courage qui compte ». Et si, au fond, notre politique étrangère était un peu à l’image de notre politique intérieure, c’est-à-dire hésitante et manquant d’audace?