Gel des recrutements dans la fonction publique, augmentation des taxes, privatisations et diminution des dépenses publiques. Les Algériens sont mécontents et l’ont fait savoir. L’Etat qui parle de « prudence » et non d’ « austérité » sait cependant qu’il n’y a pas d’autre voie, avec un baril à 32 dollars.
C’est avec une certaine appréhension que les Algériens envisagent sans doute l’année 2016. La raison est du reste largement connue : l’austérité budgétaire décidée par les autorités publiques.
Il aura suffit de suivre les débats aussi bien à l’Assemblée populaire nationale qu’au Conseil des nations pour comprendre les craintes qui se font jour dans une partie du moins de l’opinion concernant les finances de l’Etat. Et ce, dans un pays où l’Etat a toujours joué un rôle économique central.
Une partie des députés de l’opposition a envahi, le 30 novembre 2015, date du vote de la loi de finances 2016, l’hémicycle de l’Assemblée populaire nationale pour dénoncer ce texte jugé par la passionaria algérienne Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, comme « une offensive sauvage et fatale contre le pouvoir d’achat ». Les articles de la loi ont été du reste votés sous les sifflets et les chants patriotiques.
C’est que l’Algérie– et ce n’est un secret pour personne- est depuis quelques années dans une mauvaise passe, en raison de la baisse du baril du pétrole. Dur dur pour une économie dans laquelle les hydrocarbures constituent une part importante (96% des revenus des exportations, 60% du budget et 40% du PIB).
De nombreuses sources indiquent, à ce juste propos, que l’Algérie a besoin d’un prix du baril de pétrole à 110 dollars pour financer le budget de l’Etat. Or, ce dernier est à 32 dollars maintenant. C’est ce que les économistes appellent le « prix d’équilibre budgétaire du baril de pétrole ».
« Austérité » ou « prudence » ?
Plus important sans doute : les conséquences de ce budget 2016 sur le quotidien des Algériens qui ont vu en lui un budget d’« austérité », alors que les autorités parlent plutôt d’un budget de « prudence ».
Au premier rang de ses conséquences: le gel des recrutements dans la fonction publique, mais aussi la baisse des dépenses publiques (9%, le plus fort pourcentage depuis l’indépendance), la hausse des taxes et l’ouverture des entreprises publiques a l’actionnariat (en fait la privatisation).
Des mesures qui ne réconfortent pas toujours une population qui a toujours vécu dans une économie où l’Etat intervient constamment pour privilégier le social, en recrutant et en subventionnant notamment les dépenses des ménages.
Reste que l’Algérie ne peut plus continuer sur cette voie. L’Etat algérien devra cette année puiser 25 milliards de dollars (près de 52 milliards de dinars tunisiens) dans le Fonds de Régulation des Recettes ( FRR ), créé en 2000 et dont le but est de gérer les excédents budgétaires liés aux exportations d’hydrocarbures.
A retenir aussi que le Conseil national économique et social a tiré, en novembre 2015, une véritable sonnette d’alarme en soutenant que le déficit budgétaire sera en 2015 équivalent à 22% du PIB. Et en ajoutant que le FRR a enregistré depuis juin 2014 une baisse de 33% de ses avoirs.