Les mouvements de protestation qui ont éclaté dans le gouvernorat de Kasserine, à partir du 17 janvier, étaient l’occasion pour le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) de rappeler qu’en juin 2015, en partenariat avec « Avocats sans frontières » (ASF), il avait déposé un dossier « Région victime » à l’IVD.
Ce dépôt visait l’octroi du statut de « région victime » pour le gouvernorat de Kasserine, victime de marginalisation ou d’exclusion organisée sous l’ancien régime. Retour sur le dossier par Alaa Talbi, directeur exécutif du FTDES
Alaa Talbi a fait remarquer que le gouvernorat de Kasserine fait partie de plusieurs gouvernorats dont les indices de développement sont au plus bas et d’indiquer que déposer le dossier du gouvernorat au sein de l’IVD ne veut pas dire que Kasserine est la seule région qui mérite le statut de « région victime » en Tunisie : « L’objectif est de créer une première dans l’histoire de la Tunisie sur la base de l’article 10 de la loi sur la justice transitionnelle qui stipule que les dommages et intérêts peuvent être accordés aussi bien à une collectivité qu’ à une région », précise-t-il.
D’après lui, cette action incite à l’accélération du processus de la justice transitionnelle qui doit revenir aux causes de la révolution tunisienne (marginalisation sociale, économique, éducative et politique), pour que l’Etat assume sa responsabilité sociale suite aux stratégies depuis l’indépendance et l’application des mécanismes de la Constitution : bonne gouvernance, décentralisation et discrimination positive.
D’autres gouvernorats préparent leurs dossiers pour obtenir le statut de régions victimes comme Sfax et Gabès : « Pour ces deux régions, le problème est tout autre. Il s’agit en effet de la pollution causée par les stratégies adoptées par l’Etat », précise-t-il.
Rappelant les conditions de la préparation et de la soumission du dossier, Alaa Talbi a indiqué que l’idée a germé en janvier 2015 : le FTDES a pris conscience que la justice transitionnelle se devait de prendre en considération les régions également et non pas uniquement les personnes. A partir de ce moment, les procédures ont démarré : «Les victimes de la révolution sont aussi celles d’une politique sociale et économique qui perdure depuis l’indépendance », affirme-t-il.
Le gouvernorat de Kasserine occupe le 21° rang sur 24 dans le rapport sur l’activité régionale de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE). Le même rapport indique que l’indicateur des services municipaux et celui des services non municipaux n’incitent pas à l’optimisme.