A travers le projet « Don’t Forget us », l’Association tunisienne des médias alternatifs tire la sonnette d’alarme et attire l’attention aussi bien des pouvoirs politiques que de l’opinion publique quant à la précarité dans laquelle vivent des millions de Tunisiens dans les régions de l’intérieur du pays. Le développement de ces régions est un défi pour la nouvelle Tunisie, une lourde responsabilité pour les décideurs, et un objectif que l’association veut participer à atteindre.
L’Association organise les 8 et 9 février 2016 une exposition photo à la Galerie de l’information, sise à l’avenue Habib Bourguiba. « L’idée est de permette à ces citoyens de s’exprimer librement sur leur quotidien et les difficultés qu’ils rencontrent dans leur vie », explique Ali Jabeur initiateur du projet. Et d’ajouter : « Il s’agit également de les rassembler tous dans un même lieu, souverain, où sont prises toutes les décisions. »
Pour ce faire, et exercer cette force de pression positive, le projet a été réparti en deux phases. Une première, qui s’est étendue sur trois mois (mars – mai 2015), durant laquelle les trois photographes (Ali Jabeur, Zouhaier Ahmadi, Mohamed Reggui) ont sillonné l’intérieur du pays. Appareil photo et caméra en main, ils ont parcouru les régions tunisiennes les plus pauvres (Gafsa, Gabès, Siliana, Jendouba, Kef, Kasserine, Kébili, Kairouan, Sidi Bouzid et Mahdia).
Dans chaque ville, ils atterrissent dans les villages les plus reculés et les plus pauvres pour illustrer la souffrance des citoyens. Ainsi, plus de cent histoires ont été « écrites » en photo pour transmettre fidèlement l’angoisse, la détresse et l’oppression des Tunisiens dans les régions.
Les trois photographes sont ainsi les témoins, preuves à l’appui, de la pauvreté et du sous-développement de ces régions oubliées, marginalisées et même délaissées.
Quant à la deuxième phase, elle consiste à organiser une exposition permanente dans un lieu souverain. « Chaque jour, ces hauts responsables politiques croiseraient les citoyens des régions dans les couloirs de ce lieu de souveraineté. Ils se rappelleraient, ainsi, de la souffrance et de la misère dans laquelle vivent leurs concitoyens », souligne Zouhair Ahmadi.
C’est de cette manière que l’Association tunisienne des médias alternatifs veut jouer son rôle d’association citoyenne. « C’est aussi une nouvelle forme de manifestation pacifique. Sans bruits et sans dégâts, mais avec un fort impact », affirme, de son côté, Mohamed Reggui. Ce projet est financé par le Fond Européen pour la démocratie ( FED ).
Fondée en 2013 par un groupe de journalistes tunisiens, l’Association tunisienne des médias alternatifs vise à encadrer les jeunes tunisiens dans les régions et à les initier aux bonnes pratiques journalistiques. Participer à la professionnalisation des journalistes citoyens et les aider à lancer leurs propres projets est au cœur de l’activité de l’association.
En étroite collaboration avec ses partenaires, l’Association s’est fixée comme objectif, depuis sa création, de participer à la mise à niveau du secteur des médias, en offrant des sessions de formation en faveur des journalistes professionnels tunisiens et en s’engageant dans différents événements et débats traitant ce thème.
Etant citoyenne, l’Association tunisienne des médias alternatifs accorde un intérêt particulier à la problématique du développement dans les régions de l’intérieur du pays.