L’inquiétude ne fait que s’accroître concernant l’épidémie de la maladie provoquée par le virus dénommé Zika. L’explosion du nombre de cas, mais aussi la révélation d’un nouveau mode de transmission aggravent les interrogations sur l’ampleur de cette épidémie.
L’Organisation Mondiale de Santé (OMS) ayant décrété depuis peu un niveau d’alerte maximal, et ayant convoqué un comité d’urgence le premier février, craint la possibilité d’une pandémie à l’échelle mondiale, et prévoit même la survenue de trois à quatre millions de cas sur le continent américain. A cette situation sanitaire déjà critique, s’est ajouté le risque d’une transmission par voie sexuelle. En effet, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies ( Centers for Disease Control and Prevention ) ont confirmé le premier cas de transmission sexuelle de la maladie découvert par les services médicaux texans (Dallas County Health and Human Services) le 2 février dernier.
Pourtant cette nouvelle voie de transmission reste secondaire par rapport au mode de transmission habituel, qui repose sur la piqure de moustique. Le Dr. William Schaffner, responsable de la médecine préventive à la faculté de Médecine de l’université Vanderbildt (Nashville, Tennessee), affirme à cet effet que « la transmission sexuelle ne peut expliquer la transmission soudaine et répandue de ce virus. » Seulement la découverte d’un autre moyen de transmission de la maladie permet d’élargir les recommandations à l’encontre des personnes exposées aux risques de transmission et de ce fait améliorer la prévention .
Les scientifiques semblent vouloir relativiser l’impact de cette découverte qui « n’est pas à nos yeux un facteur important en termes de santé publique », comme l’indique le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Institut d’immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie au sein de l’Inserm. « Le cœur de notre action est la femme enceinte. Il faut à tout prix la protéger par toutes les mesures de précaution et de prévention possibles », ajoute-t-il.
Les autorités sanitaires avaient déjà recommandé de lutter activement contre le risque de piqûre de moustique dans la zone géographique où sévit la maladie, de même que certains pays d’Amérique ont recommandé d’éviter toute grossesse cette année tant que l’épidémie n’est pas contrôlée. Depuis la révélation de ce nouveau mode de transmission, «l’emploi du préservatif pour les femmes enceintes ou en âge de procréer en zones d’endémie, ou dont le compagnon est suspect d’être infecté» est préconisé en France.
La nécessité de mettre en place un plan d’action immédiat de niveau mondial par l’OMS s’est fait sentir surtout après le manque de réactivité de la communauté scientifique face à l’épidémie du SIDA dans les années 80 et d’Ebola dernièrement. Le virus Zika demeure un agent pathogène responsable d’une symptomatologie bénigne dans la majorité des cas, mais serait impliqué dans la survenue de malformations fœtales cérébrales s’il est contracté par la femme enceinte, et d’une complication neurologique rare qui a déjà fait 3 morts en Colombie.