Acheter un appartement n’est plus une tâche aisée pour une majorité de salariés tunisiens.
En effet, le pouvoir d’achat des Tunisiens a connu une dégradation considérable, à hauteur de 40% entre 2011 et 2014. Et la classe moyenne ne représente que 67% de la population, contre 80% bien avant le 14 janvier 2011. Bien entendu l’inflation et l’envolée des prix y sont pour quelque chose.
La promotion immobilière n’est pas épargnée, loin s’en faut. Pour Fahmi Chaabane, président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, qui relève de l’UTICA, les salariés peinent pour acquérir un appartement et parfois leurs salaires ne leur permettent même pas d’obtenir un crédit.
Aux grands maux, les grands remèdes. M. Chaâbane estime que cette insidieuse situation nécessite de nouvelles mesures qui prennent en considération les nouvelles données : « De nos jours, le Tunisien n’arrive même pas à épargner le minimum requis par les banques pour obtenir un crédit qui lui permette d’acquérir un logement », regrette-t-il. Et de rappeler que la dégradation du pouvoir d’achat est la conséquence directe de la flambée des coûts induits du bâtiment, notamment le prix du mètre carré des terrains destinés à la construction et l’augmentation du coût de la main-d’oeuvre.
Fin janvier 2016, la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers a soumis de nouvelles propositions relatives à l’obtention des crédits d’habitat au ministre des Finances, au gouverneur de la Banque centrale de Tunisie et au Chef du gouvernement. Ainsi, par exemple, il a été proposé la réduction du taux de l’autofinancement de 30 à 10 %. De plus, il a été proposé la prolongation de la période de remboursement de 20 à 30 ans et ce en vue d’alléger la charge à l’acquéreur d’un logement lors du remboursement du crédit.
S’ajoute à cela que la Chambre revendique aussi la réduction du taux appliqué aux crédits d’habitat. En ce qui concerne l’épargne-habitat, la Chambre a proposé de revoir la méthode de calcul du taux de remboursement appliqué soit de 40 à 30%. Notre interlocuteur estime que «ces propositions sont réalistes et que les banques sont à même de les réaliser ».
En dernière analyse, le renoncement des Tunisiens à l’achat d’appartements a eu manifestement des effets néfastes sur le secteur immobilier. Fahmi Chaâbane affirme que la régression en nombre d’appartements bâtis se répercute inévitablement sur la main-d’oeuvre car il faut comprendre que le secteur du bâtiment pourvoit 500.000 postes d’emploi directs et 500.000 autres indirects . » C’est une question sensible « , s’alarme-t-il. Il va sans dire que si le pouvoir d’achat du citoyen est faible « pour qui bâtir ? », s’interroge-t-il en conclusion.