Opérant dans le cadre de bureaux d’études privés régis par le décret n°78-71 portant approbation du cahier des conditions administratives générales réglementant les missions d’architecture et d’ingénierie assurées par les prestataires de droit privé pour la réalisation de bâtiments civils, les ingénieurs-conseils sont assimilés à des sociétés de services, autant que les restaurateurs et les cafetiers, et doivent en principe relever de la centrale patronale, l’Union tunisienne de l’industrie et du commerce et de l’artisanat ( UTICA ).
Seulement au regard des résultats négatifs obtenus par l’effet de cette assimilation et de la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvent, ces ingénieurs, regroupés au sein de l’ANBEIC, ont décidé de rejoindre l’OIT, afin de mieux valoriser leur savoir-faire. L’ultime objectif étant de tirer profit de la puissance morale et publique de l’OIT pour améliorer leur situation matérielle, développer leur capacité de négociation avec l’administration et mieux défendre leurs intérêts et la spécificité de leur métier.
Globalement, ces ingénieurs-conseils se plaignent du diktat de l’administration, des architectes et des promoteurs immobiliers, des retards de leur payement, de la modicité de leurs honoraires et de l’intermédiation. Ils pâtissent également de leur sous-représentativité au sein des commissions de marchés, de la concurrence déloyale de certains intrus et de la bureaucratie. Et la liste des doléances est loin d’être exhautive.
Les vertus d’une alliance avec l’OIT
Pour y remédier, Abdessattar Hosni, ingénieur-conseil, secrétaire général de l’OIT, a recensé, lors d’un débat organisé samedi 20 février, les principales recommandations des intervenants. L’accent a été mis sur l’impératif d’unir les rangs des ingénieurs et de renforcer leur solidarité au sein d’une même structure, l’Ordre des ingénieurs tunisiens appelé à prendre en charge tous les ingénieurs du pays.
Il s’agit, aussi, de réviser en priorité le décret-cahier des charges de 1978, de moraliser le corps des ingénieurs-conseils et de lutter contre la corruption qui y règne. A ce sujet, Abdessattar Hosni, farouche partisan de l’alliance entre l’ANBEIC et l’OIT a noté qu’il est inadmissible qu’un bureau d’études soit en même temps le faiseur d’une étude et son contrôleur. Dans cette perspective, il a plaidé pour le respect de la déontologique du métier, pour le raffermissement de son intégrité et pour le recours aux conseils de discipline en cas de besoin.
D’autres recommandations appellent à établir une liste générale des ingénieurs tunisiens, à unifier les références des métiers d’ingénieurs, à mieux communiquer avec les ingénieurs, à exploiter au mieux la loi en vertu de laquelle 50% des études de projets doivent se faire obligatoirement en Tunisie, s’agissant des projets off shore ou on shore.
Les intervenants ont suggéré d’intensifier la formation et le perfectionnement des ingénieurs, de dénoncer les intrus, d’améliorer la couverture sociale et sanitaire des ingénieurs (retraite, assurance maladie…), d’établir des contrats types, d’instituer un cachet unique, de fixer un barème d’honoraires minimums et évolutifs pour chaque projet étudié et de se préparer à la libéralisation des échanges des services avec L’Union européenne dans le cadre de l’Aleca.
L’OIT veut retrouver sa place dans la société civile
Pour sa part, Oussama Kheriji, président de l’OIT qui était accompagné de ses proches collaborateurs dont Mohamed Bebba, trésorier de l’OIT, s’est félicité de ce rapprochement entre l’OIT et l’ANBEI. Il a indiqué que ce rapprochement intervient à un moment où l’OIT ambitionne de retrouver la place qui lui est dévolue dans la vie publique, relevant la place de choix qu’occupe la composante de l’ingénierie conseils dans le corps de l’ingénierie dans son acception globale. Il devait annoncer que l’OIT travaille actuellement à l’élaboration sur les spécificités de la profession et à la réconciliation de l’Ordre avec ses adhérents sur des bases pérennes.
Il rappelé que la nouvelle équipe dirigeante travaille sur un programme ambitieux, articulé autour de quatre composantes essentielles: l’amélioration de la situation morale et matérielle de l’ingénieur, la formation des ingénieurs dans des qualifications complémentaires, l’amélioration du rendement de l’OIT à travers un encadrement de proximité des adhérents partout où ils se trouvent et la réactivation du rôle de l’OIT en tant que partenaire incontournable dans la société civile.