« Interactivité entrepreneuriale au féminin : levier de développement durable », tel est le thème du Forum international lancé par le Conseil international des femmes entrepreneures les 22 et 23 février.
Le choix du sujet ne doit rien au hasard. Rachida Jebnoun, la présidente du Conseil affirme qu’il intervient dans un contexte où le Conseil travaille sur la notion de l’interactivité entrepreneuriale au féminin et tente, dans la mesure du possible, d’élargir les connexions avec des partenaires tunisiens et des partenaires étrangers. « C’est notre sujet d’actualité: créer des plateformes et pouvoir encadrer et assister les femmes dès le début de leurs projets, jusqu’à l’étape de la réalisation du projet », indique-t-elle.
En ce qui concerne, les entreprises déjà existantes, le Conseil tente de les aider pour exporter leurs services par le biais des rencontres B2B, workshops et du programme Tunisia Days. Dans le cadre de ce programme, plusieurs destinations ont été prises en considération : Canada, Allemagne, Chine, Japon, Australie, France et Indonésie.
Cependant, la situation de l’entrepreneuriat en Tunisie, n’est pas toujours enchanteresse, étant donné l’existence de plusieurs failles, raison pour laquelle le Conseil a été créé. D’après la présidente du Conseil, ces failles auxquelles l’entrepreneuriat féminin fait face sont : le chômage, la crise économique et le terrorisme. « Ces problèmes, bien qu’ils touchent tous les entrepreneurs sans exception, ont des effets particuliers sur les femmes entrepreneures étant donné leur sensibilité », dit-t-elle.
Cependant, dans le monde arabe les chiffres relatifs à l’entrepreneuriat féminin et à l’emploi des femmes indiquent une certaine régression en la matière. Lors de son intervention Hessa Bint Saad Abdullah Salem Al Sabah, la présidente du Conseil des Femmes Chefs d’Entreprises Arabes (CABW) a affirmé que 44% du volume total du travail en Afrique est assuré par les femmes dans l’agriculture et dans le secteur des services, 17% du nombre total des heures de travail dans le secteur de l’industrie, alors qu’en Amérique latine, elle ne dépasse pas les 27% du nombre total des heures de travail et 36% en Asie. Dans le monde arabe, les chiffres indiquent que la contribution économique des femmes est faible par rapport aux autres pays du monde. La femme arabe contribue à hauteur de 20% du nombre total d’heures de travail.
« Ce que nous avons constaté, c’est que les métiers exercés par les femmes dans le monde arabe sont durs par rapport à ceux dans d’autres pays », regrette-t-elle. Plus des deux tiers des femmes arabes travaillent dans le secteur agricole et l’autre tiers dans des secteurs comme la médecine et l’enseignement, l’administration et l’ingénierie.
L’ancien ministre des Finances Jaloul Ayed, quant à lui, est revenu sur le rôle important des femmes tunisiennes à travers l’histoire. Il a rappelé la fondatrice de Carthage Didon, les bienfaits de la sainte Sayda Manoubia et Aziza Othmana.
Jaloul Ayed a choisi d’axer son intervention sur la nécessité de l’inclusion financière et sur la situation de l’entrepreneuriat au féminin. Pour l’économiste et ancien ministre, une politique d’inclusion financière est essentielle, notamment dans le contexte actuel.
Cependant il a estimé qu’il n’existe pas de définition exacte pour ce terme et que souvent, quand il s’agit de le définir, les gens ont tendance à parler de microfinance et de microcrédit. Pour lui, il s’agit de toutes les politiques qui pourraient être mises en place pour réintégrer les TPE et les petits opérateurs économiques, pour faire un passage de l’économie informelle à l’économie formelle. Quatre conditions doivent être mobilisées dans le cadre de l’inclusion financière : le microcrédit, la micro-assurance (qu’on n’a pas encore développé en Tunisie), l’éducation financière et la discrimination positive. De même, il a indiqué que toute inclusion financière aura des répercussions sociales.
Pour ce qui est de l’entrepreneuriat féminin, le spécialiste a indiqué qu’il existe tellement de réussites dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin qu’il n’est plus possible de faire la distinction entre une entreprise menée par une femme ou une entreprise menée par un homme et de rappeler que des magazines de renommée internationale ont vu dans leur classement des entrepreneures tunisiennes.