« Passer à l’action », telle est la leçon que les responsables tunisiens et africains, décideurs, consultants et professionnels ont pu tirer aujourd’hui de la Matinale de l’export organisée par le Cepex sur « le secteur de la santé en Tunisie : quel positionnement en Afrique ? » en présence du ministre du Commerce Mohsen Hassan. Objectif : présenter les opportunités pour les entreprises tunisiennes afin de développer leurs exportations de produits et services de santé vers l’Afrique.
Il faut rappeler d’abord que la Tunisie est la première destination de tourisme médical en Afrique grâce au développement du secteur hospitalier privé qui compte environ 4200 lits. Toutefois, le secteur de la santé est aujourd’hui appelé à jouer un rôle de première importance en mettant en avant ses atouts et avantages afin d’améliorer sa position sur le marché de l’Afrique subsaharienne, région en plein développement et qui recèle des opportunités certaines. Elle offre de nombreuses opportunités aux acteurs économiques étrangers en termes de coopération et de partenariat, notamment dans le secteur de la santé et des activités connexes.
Focus sur trois marchés : Côte d’Ivoire, le Tchad et le Soudan
Présentant le marché soudanais de la santé, le secrétaire général du Conseil national des médicaments, relevant du ministère soudanais de la Santé, a indiqué que l’objectif de son pays est d’attirer des investisseurs étrangers notamment tunisiens pour investir dans un marché où 77% est assuré par le secteur privé.
Notons qu’environ 2200 patients soudanais se soignent chaque année à l’étranger pour un coût d’environ 25 millions de dollars financés en grande partie par l’Etat soudanais.
L’industrie pharmaceutique soudanaise compte actuellement 28 usines. Au Soudan, seulement 14% de la population bénéficie actuellement des services sanitaires de base.
Au Cameroun, le paysage est différent. Doté de pus de 30 ans d’expérience au service de la santé en Afrique, Néjib Soussia, Pdg de Cameroun Assistance Sanitaire (CAS) a alerté les investisseurs tunisiens quant à la forte concurrence sur ce marché. » Il est vrai que les besoins sont importants, mais seuls les gens qui ont les moyens viennent se soigner en Tunisie. Comme dans plusieurs autres pays africains, ce pays est caractérisé par l’échec de la médecine ».
Au Tchad, le terrain est encore propice pour les investisseurs tunisiens. Seulement 7,4% des besoins en services sanitaires sont satisfaits. Le pays compte 14 hôpitaux et 13 cliniques. D’après Ghazi Mejbri, Pdg de SMEDI, les filières telles : l’évacuation, la formation, l’ingénierie, l’investissement présentent un grand potentiel pour les investisseurs tunisiens.
Dotée d’une expérience au Cameroun et en Côte d’Ivoire, Sarra Masmoudi, directeur général des laboratoires pharmaceutiques TERIAK, a affirmé que la qualité des produits pharmaceutiques tunisiens est un atout qu’il faut bien exploiter. Toutefois, pour réussir sur deux marchés, Mme Masmoudi a fait savoir qu’il est primordial, pour les investisseurs désirant ouvrir des implantations industrielles de chercher des partenaires locaux et étrangers.
« Mon expérience avec le Cepex et l’appui de la communauté tunisienne dans ces deux pays m’a beaucoup aidée à réussir. Il faut aussi comprendre la culture locale de chaque pays et être accompagné d’une équipe multidisciplinaire », a-t-elle recommandé.
Lacunes et défaillances pour rendre la Tunisie une destination santé
Il est vrai que la Tunisie a déjà mis en place une importante stratégie et un plan d’action pour promouvoir davantage ce secteur et positionner la Tunisie comme une destination régionale pour les services sanitaires de qualité. Toutefois, l’absence d’un cadre juridique, les conflits d’intérêts, la lenteur des procédures administratives, les courtiers, la réglementation, le problème d’octroi des visas, le manque de coordination entre les différentes structures et les insuffisances qualitatives et quantitatives sont les principaux freins pour le développement du secteur.
« Passer à l’action. Fixer des stratégies et des plans d’action ne sont pas suffisants. Il faut créer des structures de coordination pour la mise en œuvre de toutes les actions. Il faut articuler les différents projets et filières. Pour passer à une logique de compétitivité, il faut développer la chaîne de valeur qui englobe, entre autres, le transport, l’accueil, l’assurance, les séjours spécifiques… », a recommandé un représentant de la Banque mondiale.
S’adressant aux professionnels, Mme Aziz Htira, Pdg du Cepex, n’a pas manqué à cette occasion d’appeler les opérateurs à profiter de TASDIR et Foprodex, deux fonds nécessaires pour accompagner les exportations tunisiennes en Afrique.
Sur le plan maghrébin, la coopération tuniso-algérienne en matière d’industrie pharmaceutique a connu un franc succès. A l’occasion de la tenue de la 4ème édition de « Tunisia Health Expo « , où l’Algérie participe en tant qu’invité d’honneur de ce salon, leconomistemaaghrebin.com a rencontré Lazhar Bounafaa, DG des infrastructures, de la santé et des équipements au ministère algérien de la santé :