Face à la crise économique et sociale aiguë que connaît le pays, en particulier en matière d’emploi et de développement régional, et vu le foisonnement des propositions avancées ici et là, le Cercle Kheireddine, fidèle à sa tradition de réflexion et de débats, a organisé une rencontre sur le thème « Comment impulser l’investissement et l’emploi dans les régions intérieures ? ».
Objectif : préparer une note d’orientation pour l’adresser aux responsables et aux parties prenantes.
En Tunisie, le problème de l’aménagement territorial a toujours handicapé le développement des régions intérieures. Cela a créé une injustice sociale observée au niveau des ressources humaines, notamment avec l’augmentation du nombre des personnes déscolarisées. La deuxième injustice, causée par une fausse politique d’aménagement territorial adoptée depuis les années de l’indépendance, s’est traduite par l’absence de ressources humaines qualifiées dans les régions intérieures du pays. Bref, cette politique défaillante s’est transformée en malchance pour ces régions intérieures.
« On est en train de paniquer. L’équilibre régional ne veut rien dire. Le problème se manifeste au niveau des ressources humaines. Il faut augmenter les capacités productives de toutes les régions », explique Taieb Houidi, spécialiste en aménagement du territoire.
Cette hypothèse est soutenue par le Statisticien Hassan Zargouni qui a affirmé qu’« On assiste aujourd’hui à un vrai problème de victimisation. C’est un problème culturel qui a aggravé l’injustice sociale. Il n’y a que l’Etat qui désenclave les régions et non pas le privé. Le rôle de ce dernier est l’investissement et la création d’emplois ».
L’impasse
Invité pour alimenter le débat sur ce sujet, l’ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, n’a pas manqué de faire remarquer que pendant les 30 dernières années, la politique de développement des villes tunisiennes a créé des pôles d’anarchie, notamment dans le monde rural. « La persistance de cette tendance risque, selon lui, l’aggravation de l’entassement des populations dans les régions côtières et le dépeuplement des régions intérieures. Comment peut-on éviter cette impasse ? », s’est interrogé M. Dimassi.
Et d’ajouter qu’il faut faire l’effort pour concilier les régions côtières et celles intérieures en matière de développement, et ce, à travers la mise en place d’une stratégie plus équitable. « Il est temps de changer l’approche d’assistance adoptée depuis longtemps comme politique de développement des régions intérieures et changer aussi le discours politique populiste qui fait appel aux régions intérieures au détriment des régions côtières », a-t-il averti.
Améliorer l’environnement des entreprises
Pour l’ancien ministre de l’Industrie, Afif Chelbi, durant les 20 dernières années, les investissements réalisés dans les régions ont été alloués en grande partie au social. M. Chelbi a à cette occasion préconisé de scinder le titre 2 relatif au développement en deux parties : une partie pour le social et une autre pour l’amélioration de l’environnement des entreprises. M. Chelbi a, par ailleurs, recommandé de concevoir des incitations fiscales plus fortes capables d’attirer plus d’investisseurs vers les régions intérieures, mettre en place une gouvernance d’exception alimentée par les meilleures compétences en la matière et continuer à investir pour améliorer la vie des citoyens.
Interpellé par leconomistemaghrebin.com sur les vrais handicaps qui empêchent les investisseurs de s’implanter dans les régions, le membre du bureau exécutif de l’Utica, Nafaa Naifer, n’a pas hésité à pointer du doigt les grèves, les sits-in infinis et la détérioration du climat des affaires dans les régions. AUDIO :