Suite au sondage mené par Sigma Conseil intitulé : « Le classement des administrations tunisiennes : quelle perception des entrepreneurs? », nous avons contacté un certain nombre de chefs d’entreprises pour témoigner de leur relation avec les administrations.
Il faut rappeler que les chiffres dévoilés par cette étude ne plaident pas en faveur de l’administration tunisienne. Fréquentation, importance et satisfaction, tels sont les trois critères sur lesquels l’étude s’est penchée.
Une lecture bien approfondie de ces chiffres nous amène à dire que des réformes urgentes sont à faire dans les administrations tunisiennes. Car force est de constater que les services assurés par ces administrations ne font pas toujours l’unanimité des entreprises.
Manque de confiance, lenteur des procédures et bureaucratie, telles sont les expressions les plus utilisées par les dirigeants de quelques PME tunisiennes qui se sont plaints de plusieurs aspects de l’administration tunisienne.
Chedia Jerfel Chaari, directrice de Manwork, société d’intérim et de travail temporaire pointe le doigt sur les complications administratives auxquelles elle a fait face. Cette femme chef d’entreprise a voulu détacher la section de jardinage de son entreprise, afin d’en faire une entreprise indépendante. Elle dépose les papiers nécessaires, mais durant huit jours, elle n’arrive pas à créer cette nouvelle entreprise. « L’administration concernée me demandait de payer les déclarations relatives à cette entreprise! Mais de quelle déclaration s’agissait-il, alors que l’entreprise n’avait même pas été créée », s’insurge-t-elle.
Bien entendu notre interlocutrice n’a pas payé des déclarations qu’elle a jugé illogiques pour une entreprise qui n’existe pas encore. « Le secteur privé n’a rien à voir avec ce qui se passe dans les administration publiques. S’ajoute à cela une situation qui entrave notre évolution et notre travail », regrette-t-elle. « Ainsi, je peux déclarer mon insatisfaction du rendement de l’administration. Cependant, quand j’entends les discours de leurs représentants dans les médias, je constate un grand décalage entre le discours officiel et la réalité des choses. » De plus, la chef d’entreprise a pointé du doit le long circuit administratif qu’il faut suivre afin de réaliser une procédure.
Bien que plus modéré, M. Horchani Hichem, chef d’entreprise spécialisée dans la réparation des cartes électroniques, ne dresse pas moins un constat dubitatif de la situation, résumant son seul problème avec l’administration tunisienne au payement tardif de sa rémunération. « C’est presque mon seul souci avec l’administration tunisienne. Je me suis rendu compte qu’elle fait appel à mes services et qu’une fois ma mission terminée, on me demande d’attendre quelques mois pour le paiement. Pourquoi fait-on travailler des gens si on a pas le budget nécessaire? », s’interroge-t-il. « Même la préparation d’un bon de commande pose un problème de temps », continue-t-il.
Par ailleurs, Fahmi Chaâbane, président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, relevant de l’UTICA, est d’accord avec les résultats du sondage réalisé par Sigma Conseil. « La réalité des choses est pire », lance-t-il. D’après lui, les promoteurs immobiliers se trouvent face à une grande lenteur administrative. Il n’épargne aucun service public: « Toutes les administrations ou presque qui nous concernent souffrent de lenteur », regrette-t-il. Pour lui, l’efficacité n’est pas de mise et la bureaucratie et la lenteur administrative règnent en maitre.
Pour illustrer ces propos par des faits réels, Fahmi Chaabane a informé que le remboursement des frais dépensés dans le cadre des expositions à l’étranger à travers le CEPEX, nécessite entre huit mois et un an.