Ce qui manque dans notre pays, après le 14 Janvier 2011, ce sont les débats mûrs et réfléchis pour rendre vivante la culture, renouer les liens sociaux, former et préparer surtout nos enfants et nos jeunes pour être des citoyens civilisés.
Les espaces constructifs de rencontre sont rares, la culture est notre parent pauvre. Les think-tank apolitiques, qui pourraient contribuer à la maîtrise des questions de l’heure, manquent. Les intellectuels ou politiques, qui savent »s’adresser » au peuple pour le sensibiliser, sont quasiment absents. La démission gagne du terrain en remplacement du discours religieux tolérant et constructif, de la science, de la culture et du savoir… l’inculture domine. La langue de bois envahit notre quotidien, la critique et la réflexion constructives nous fuient, le bavardage chasse la réflexion, la démagogie se substitue à la franchise.
Pour la crédibilité de l’Etat et l’avenir de notre société, il est impérieux de donner la priorité à la vérité, à la culture et à la liberté de création. Qui nous parle objectivement du recul inquiétant de la culture dans notre système éducatif ? Qui veille à l’éducation culturelle du citoyen ? Qui contribue à la réflexion de fond, aux débats sereins et à la propagation du savoir ?
Certes, c’est l’intention passive qui accueille la parole de tous ceux qui tentent d’analyser les contradictions de notre quotidien post-révolutionnaire, les espérances et les besoins, les impasses, les contradictions, les questions de la justice de transition, l’extrémisme et le terrorisme, la justice sociale, les réformes structurantes, le problème du chômage, … Les politiques emprisonnent, limitent le droit de parole et monopolisent les médias lourds, à l’ère des satellites et du numérique, … ! Dans notre pays qui se bat pour vaincre le terrorisme, la pauvreté, l’injustice, … la culture permet de former à la pédagogie du débat et au respect du droit à la différence.
Tant que la culture n’est pas déclarée prioritaire, la gestion archaïque continuera à ruiner l’avenir de nos générations. La mission est pourtant vitale: elle recueille, conserve, communique, entretient et enrichit le patrimoine culturel national et universel.
Les relations internationales ne sont pas démocratiques et notre pays subit et se complaît au lieu de se réformer. La liberté et la dignité sont des acquis universels qu’il faut assumer de manière responsable, sans naïveté, ni lassitude.
Au sujet de la guerre relative aux rapports entre les civilisations, notamment entre l’Occident et le monde arabo-musulman, présentés à tort comme incompatibles, les espaces culturels, la culture permettent de comparer et de se rendre compte que la civilisation est un échange, un dialogue et une synthèse et non un point de confrontation meurtrière.
La culture permet de relever les incohérences, les erreurs de contenu ou de méthode des médias ou des discours qui censurent. La culture assume un rôle central en matière de débats libres et de confrontation d’idées.
La communication entre les différents peuples et les membres de la société ne s’établit pas forcément de manière naturelle. Nous avons besoin d’entretenir notre culture pour construire l’avenir, informer et former. La nature a horreur du vide, les interdits, les pratiques rétrogrades, les mutismes et les fuites en avant qui favorisent les dérives. Il est urgent d’encourager notre société à se cultiver et à s’exprimer pacifiquement, sans porter atteinte à la dignité d’autrui.
La société du savoir et la mondialisation exigent une société forte de ses moyens de culture et de communication. Il est urgent de sortir de la marginalisation de la culture.