Les mesures urgentes prises par le comité de pilotage du Dialogue national sur l’emploi ont été annoncées lors d’une cérémonie rehaussée par la présence du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, du Chef du gouvernement, Habib Essid, du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de la présidente de la Centrale patronale (UTICA), Wided Bouchamaoui, et du Secrétaire général de la Centrale ouvrière (UGTT),Houcine Abassi.
Portée à bout de bras par le Gouvernement, l’UTICA et l’UGTT, la cérémonie d’aujourd’hui semble être la dernière étape avant l’application des mesures urgentes.
Cependant les différents intervenants ont chacun leur vision de la présente situation. Houcine Abassi a indiqué que les travaux de différentes commissions vont aider à revoir les certitudes et les choix économique et sociaux adoptés depuis 30 ans et d’estimer que les choix économiques ont généré des catastrophe et incité les jeunes à déclencher la révolution du 17 décembre 2010- 14 janvier 2011.
Par ailleurs, il a indiqué que les travaux ont pointé du doigt l’absence de structures permanentes permettant l’analyse et la concertation sur les réformes. Pis encore d’après lui, les travaux ont dévoilé que des termes qu’on utilise comme « l’économie du savoir, développement durable, approche par compétence, responsabilité sociétale de l’entreprise, le travail décent et autres » représentent une rupture par rapport à la réalité. Il a souligné l’importance du travail décent : « Sans unanimité sur l’importance du travail décent, il ne sera pas possible de sortir du tunnel de la précarité », indique-t-il.
Dans le même cadre, il a estimé que le Dialogue national sur le chômage doit constituer une réponse à la crise du chômage. Faisant allusion à la relation entre l’UGTT et l’UTICA, il a indiqué que l’UGTT ne mène pas une guerre contre les employeurs pour faire une trêve sociale. Et d’indiquer que l’UGTT n’est pas contre le bénéfice mais cela devrait être fait dans un cadre légal et dans le respect de l’employé.
Ban Ki-moon a, quant à lui, indiqué que le chômage est un problème mondial et que personne n’a de baguette magique et d’avancer que le monde compte 200 millions de chômeurs. « Le chômage des jeunes entrave aussi gravement le dévelopement et la croissance durable » affirme-t-il et il n’était pas sans rappeler l’ampleur du travail indécent : « Beaucoup de travailleurs occupent des emplois temporaires, précaires et mal payés et subissent des conditions exécrables », regrette-t-il et de rappeler que le taux de chômage des jeunes en Afrique demeure le plus élevé soit 30%. Quelque 200000 jeunes Tunisiens sont sans emploi et près de la moitié des jeunes femmes tunisiens sont désoeuvrées et ne suivent pas de formation. Finissant son intervention, il a adressé un message à la communauté internationale pour soutenir la Tunisie : « Mon message est que la communauté internationale se tienne aux côtés de la Tunisie, dont l’ensemble de la société s’emploie à faire coïncider la transition démocratique avec la croissance et le progrès social », conclut-il.
De son côté, Habib Essid a indiqué que « la Tunisie est devenue un symbole mondialement connu pour sa transition démocratique pacifique ». Cependant, il a reconnu que malgré les progrès effectués dans plusieurs domaines, il reste des défis à relever à l’instar du défi du chômage. A ce titre, il a rappelé que le nombre des demandeurs d’emploi a atteint plus de 900 mille personnes à fin 2015 soit 15.4% de taux de chômage. Cependant, le Chef du gouvernement a averti que le chômage ne se résout pas uniquement par les efforts du gouvernement, « il nécessite la participation de tous les acteurs sociaux, politiques et la société civile ».
La présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, quant à elle, a souligné l’importance d’un climat d’affaires favorable aux investisseurs nationaux et internationaux. Elle a également souligné l’importance de « déclarer la guerre à l’économie informelle, la contrebande et toute les pratiques qui lèsent les travailleurs, les entreprises et les consommateurs. De même, elle s’est prononcée pour l’élimination de toutes sortes d’entraves qui accablent les projets en souffrance.
Le travail décent a été l’axe principal de l’intervention du directeur général de l’OIT, Guy Ryder. Se voulant réaliste, il a regretté que l’emploi décent ne soit pas une réalité palpable dans plusieurs pays du monde. Il a indiqué qu’il est indispensable d’éradiquer le travail indécent.
Les 16 mesures urgentes concernent : l’emploi, l’entrepreneuriat et leadership, l’ économie sociale et solidaire, le portefeuille de l’emploi, partenariat public-privé, le cadre réglementaire et institutionnel.
Le marché d’emploi et les programmes actifs
1) La formation et la réhabilitation des demandeurs d’emploi afin de subvenir aux besoins du marché du travail dans le cadre d’un contrat dans lequel les entreprises s’engagent à recruter tout en intervenant dans le processus de la formation.
2) Gratuité des soins et du transport pour les titulaires de diplômes universitaires
3/ Création d’un régime d’assurance sur la perte du poste d’emploi pour des raisons économiques selon le contrat social
4/ préparation du Code des professions et des compétences
Entrepreneuriat et création de PME
5/ Création d’une structure unique qui veille sur la création des projets afin de donner le soutien, le financement, l’accompagnement personnalisé dans le domaine de l’entrepreneuriat
6/ Mise en place d’outils permettant l’encadrement et l’accompagnement des PME pour faciliter les difficultés
7/ Augmentation des incitations en faveur des entrepreneurs
L’économie sociale et solidaire
8/ Mise en place d’une réglementation unique définissant l’économie sociale et solidaire
9/ Trouver des outils de financement permettant la création d’entreprises sociales et solidaires ( ligne de crédit, contrat-programme, caisse d’investissement)
Potentiel de l’emploi
10/ Diagnostic des besoins des entreprises non satisfaits, étudier les raisons du manque et orienter les demandeurs d’emploi vers ses disciplines
11/ Promouvoir l’investissement dans les secteurs à forte employabilité et la considérer comme secteur prioritaire à l’instar de : énergies renouvelables, secteur agricole, échanges commerciaux, équipements et environnement, animation touristique
12/ Création d’un texte juridique pour utiliser le tissu associatif dans le chômage et l’accompagnement des demandeurs d’emploi en les impliquant dans différentes activités et services liés à l’augmentation de l’employabilité.
Partenariat public-privé
13/ Accélérer le processus pour lancer les textes réglementaires pour exécuter le programme de partenariat public-privé
14/ Offrir des incitations en ce qui concerne l’achat public sans altérer le principe d’égalité des chances.
Cadre réglementaire et institutionnel
15/ Création du Conseil supérieur de la promotion de l’emploi sous la direction de la présidence du gouvernement et dont la mission sera d’évaluer les initiative permettant la promotion de l’emploi.
Le travail à l’étranger
16/ Mise en place d’une base de données sur les offres d’emploi à l’étranger et les actualiser tout en prenant en considération les marchés prometteurs et les spécialités demandées.