Dans cette première partie de notre analyse intitulée « Le stimulus monétaire de la BCE est-il à la portée de la BCT ? » publiée par le département de la recherche de MAC SA, nous allons commencer par un rappel du package des instruments avancés par la BCE lors de sa dernière réunion du 10 mars 2016.
Pour sauver l’économie de la zone euro, la BCE joue son va-tout. Mario Draghi, son président, a bien tenu sa promesse de 2012, de faire « tout ce qui est nécessaire » pour éviter le pire.
Une intervention musclée sur les marchés avec un élargissement de son programme d’achats d’actifs aux obligations d’entreprises, un taux directeur ramené à zéro, un taux des facilités de dépôt qui s’enfonce encore plus en territoire négatif…
Bref, un stimulus monétaire qui fait grincer les dents des dirigeants des Banques centrales de plusieurs économies émergentes, frappées par une vague de récession.
«Les performances» décevantes de l’économie européenne (croissance anémique et faiblesse de l’inflation) ont forcé la BCE à renforcer son dispositif non-conventionnel à travers une action musclée définie lors de sa dernière réunion du 10 mars 2016.
L’artillerie de l’assouplissement quantitatif ou Quantitative easing (QE) a permis, jusqu’à aujourd’hui, d’assouplir de façon substantielle les conditions du crédit pour les entreprises européennes, et de stimuler la demande de prêts pour financer des projets dans l’économie réelle.
Toutefois, aucune amélioration significative dans les fondamentaux n’a été observée jusqu’à aujourd’hui. Le lancement de ce programme (700 milliards d’euros) depuis juin 2014, n’a pas empêché la révision à la baisse des prévisions d’inflation d e 1% à 0,1%.
Dans un tel contexte, la BCE s’est retrouvée amenée à assouplir davantage sa politique monétaire
- L’artillerie du QE a été, encore une fois, activée en ramenant le montant de ses rachats d’actifs à 80 milliards d’euros par mois, contre 60 milliards auparavant.
- La BCE a voulu ratisser large, en innovant en matière de rachat d’actifs. L’élargissement de son programme d’achats, aux titres des entreprises privées bien notées, représente un tournant dans sa politique monétaire non-conventionnelle. L’objectif des autorités monétaires européennes est de baisser les taux et de comprimer les spreads de crédit.
- La BCE a décidé de réduire ses trois taux directeurs. Elle n’a pas hésité à ramener son principal taux directeur à 0%, un record historique! A travers cette mesure, la BCE voudrait pousser les banques à répercuter la baisse du coût de refinancement sur les taux des prêts destinés aux entreprises et aux ménages, afin de relancer la consommation et l’investissement.
- Le taux des facilités de dépôt s’enfonce davantage en territoire négatif. Il est passé de -0.3% à -0 .40%. La BCE vise, à travers cette mesure, à décourager les banques à placer la liquidité excédentaire, afin de les amener à l’orienter vers l’économie réelle.
Le lancement d’un programme de refinancement des banques à long terme (Long Term Refinancing Operation – LTRO2) sur la période : juin 2016 – avril 2017.Dans le cadre de ce programme, les entreprises pourront emprunter, sur 4 ans, à hauteur de 30% de leur stock de prêts destinés à l’économie réelle, à un taux de 0%.
Les banques pourront profiter d’un taux négatif de -0,4%, si le volume des prêts dépasse le seuil de façon significative. Du jamais vu dans l’histoire du central banking.
L’intervention musclée de la BCE révèle aussi un aveu d’échec de tout ce qui a été mené jusqu’à aujourd’hui. En affirmant que le QE pourrait durer jusqu’à mars 2017, et que les taux bas resteront sur une longue période dépassant même le programme de rachats d’actifs, le président de la BCE a voulu activer la politique de Forward guidance qui repose essentiellement sur la dynamique des anticipations. Son objectif est de pousser les taux longs à la baisse afin de déclencher un mouvement de rééquilibrage des portefeuilles, très favorable pour les prêts au secteur privé.