Cinq ans après la révolution, c’est dans un tourbillon d’incertitudes que le pays vit, entre une transition démocratique réussie dans le monde arabe et une économie en mauvais état. Tel est le constat du rapport publié par Carnegie Europe sur la Tunisie, ayant pour thème “ Between peril and promise. A New framework for parternship with Tunisia.” (Un nouveau partenariat cadre pour la Tunisie.)
Les difficultés économiques continuent d’empoisonner l’avenir du pays. Les Tunisiens attendent des réponses urgentes, depuis la révolution aux slogans scandés : liberté, dignité et travail. Relever les défis socioéconomiques et contribuer à la réalisation des objectifs de la révolution, sont les enjeux essentiels pour que le pays réussisse une transition démocratique remarquable.
De quoi a besoin la Tunisie? Quelle serait la nouvelle approche? Le rapport met l’accent sur cinq lignes d’action incluant un partenariat cadre entre la Tunisie et la communauté internationale, pour sortir de l’impasse. Instaurer un dialogue national qui détermine les priorités sociales et économiques, en faisant participer non seulement le gouvernement, les syndicats, les patronats, mais aussi la société civile et les jeunes. Selon le rapport, il faut qu’il y ait des réformes et une intensification de l’aide internationale :
- Il faut notamment mettre en place des réformes économiques et institutionnelles pour restaurer la confiance nationale entre le gouvernement et les Tunisiens et lutter enfin contre la corruption.
- De même, il faudrait mettre un mécanisme d’action en urgence pour relancer la croissance du pays et créer de l’emploi, à travers la réalisation des projets prioritaires qu’ils soient petits ou grands.
- Établir un mécanisme permanent de concertation collective entre la Tunisie et les donneurs du “G7 élargi”, pour mettre un terme aux réprobations entre les parties prenantes, à savoir plus de transparence, une mise en œuvre des opérations de développement, une traçabilité des engagements respectifs.
- Accentuer l’appui international à la Tunisie, aussi bien sur le plan économique ( prêts, dons, conversion de dettes, garanties, prêts) que sur le plan commercial ( tarifaires ou contingentaires ).
- Instaurer de nouvelles procédures de coordination interministérielle, concernant l’approvisionnement et la sécurité des projets de développement qui sont nécessaires pour transformer le financement intérieur et extérieur en résultats concrets pour les Tunisiens, en particulier pour les jeunes dans les régions longtemps laissées pour compte.
Par ailleurs, une conférence internationale sur l’investissement aura lieu à l’automne prochain (2016) en Tunisie. Il s’agit d’une opportunité et d’une occasion de formuler ce partenariat et de le mettre en application. Ce qui permettra également aux partenaires de la Tunisie de pouvoir montrer leur soutien à la transition du pays.
L’un des coauteurs du rapport, Marc Pierini, chercheur au think tank « Carnegie Europe », a souligné qu’un changement de méthode s’impose aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
Il explique : “L’Union européenne s’est montrée capable en quatre mois de mobiliser six milliards d’euros dans le cadre d’un accord très controversé, pour les réfugiés syriens en Turquie. Pourquoi, n’allouerait-elle pas un milliard d’euros annuellement et ne rend-elle pas permanente sa concession temporaire sur l’huile d’olive pour 2016-2017, afin d’éviter qu’une dégradation sociale et sécuritaire ne se traduise un jour par un désastre sécuritaire ou une nouvelle crise migratoire?”
Assurer la stabilité en Tunisie, c’est avant tout relever les défis que connaît le pays et mettre en œuvre des réformes indispensables.