La corruption étale ses tentacules sur la région Mena et de l’Afrique du Nord. Ce n’est pas qu’une impression, loin de là. Tels sont les résultats d’un sondage d’opinion mené par l’ONG Transparency International et dévoilé lors d’une conférence de presse tenue par « Nabil Abdellatif, président d’honneur de l’Ordre des Experts-Comptables de Tunisie, » aujourd’hui, le 3 mai.
D’après ce sondage d’opinion, qui a été effectué sur un échantillon de 11.000 personnes dans neuf pays, en utilisant des entretiens face à face, 64% des sondés estiment que le niveau de la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois, dans toutes les zones concernées.
Qui sont les corrompus?
En ce qui concerne le cas de la Tunisie, 47% des Tunisiens estiment que les directeurs des entreprises commerciales sont impliqués dans la corruption, 32% estiment que les membres des conseils locaux sont impliqués, contre 30% qui estiment que les responsables du gouvernement sont impliqués dans la corruption. Cependant, le taux connaît une régression chez les juges (18%), les députés (17%) et les leaders religieux (15%).
Quel niveau a-t-elle atteint ?
42% des sondés ont estimé que la corruption a « beaucoup augmenté ». 22% des sondés ont estimé qu’il a « relativement augmenté », contre 12% qui ont estimé que le niveau de la corruption n’a pas changé, 3% estiment qu’il a beaucoup régressé et 4% ont affirmé qu’ils ne savent pas.
Taux de personnes reconnaissant avoir eu recours à un pot-de-vin
11% des sondés indiquent qu’ils ont contacté les tribunaux pour avoir des services. Parmi les 11%, 5% indiquent qu’ils ont donné un pot-de-vin. Pour la police, 12% des sondés ont affirmé qu’ils ont contacté la police pour un service. Sur les 12%, 8% ont affirmé qu’ils ont donné un pot-de-vin.
Concernant le secteur de la santé publique, 71% affirment qu’ils ont eu recours à un service de la santé et seulement 8% avancent qu’ils ont donné un pot-de-vin pour avoir le service.
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Expliquant ce chiffre, Achraf Aouadi, le président de l’ONG « I Watch » a indiqué que ce chiffre dénote une régression de la petite au profit de la grande corruption au niveau des marchés publics et des appels d’offres qui ne touchent pas les citoyens en premier lieu.
Mais pourquoi les Tunisiens ne dénoncent-ils pas la corruption?
59% des sondés estiment que cela est dû aux tracasseries qu’ils pourraient encourir. En effet, 5% estiment que les responsables contre lesquels ils vont déposer plainte sont impliqués dans la corruption, 6% estiment que la dénoncer ne va pas engendrer des mesures concrètes ou que cela ne sert à rien.
Les priorités que le gouvernement devrait résoudre
57% des sondés estiment que la priorité doit être accordée au chômage, 42% au crime et à l’insécurité, 31% à la pauvreté et 16% à la corruption; en bas de liste figure l’inflation avec 11%.
Qui sont les personnes capables de lutter contre la corruption?
58% des sondés estiment que les partis politiques au pouvoir sont capables de lutter contre la corruption, 37% estiment que les partis de l’opposition en sont plus capables.
Evaluation du rôle du gouvernement en matière de lutte contre la corruption
36% des sondés estiment que le rendement du gouvernement en matière de lutte contre la corruption est très faible, 26% estiment qu’il est relativement faible, 28% estiment qu’il est relativement bon, 3% estiment que c’est un rendement très bon.
Oui, les citoyens sont capables de créer la différence
43% des sondés sont d’accord sur le fait que les citoyens sont capables de faire la différence et 28% sont très d’accord sur le fait que les citoyens sont capables de faire la différence.
Mais les solutions existent…
40% des sondés proposent la dénonciation des cas de corruption, 29% des sondés sont pour le refus d’offrir un pot-de-vin et 18% estiment que les citoyens sont incapables de résoudre ce problème.
Le président de l’ONG, Achraf Aouadi, a indiqué que la loi de protection des dénonciateurs doit être adoptée en urgence. D’ailleurs, le président de l’ONG a indiqué que ce projet de loi traîne depuis des années et qu’il ne fait pas partie des priorités de l’ARP.
De même, il a souligné le fait que les juges doivent prendre les affaires de corruption au sérieux et de rappeler le manque de moyens mis à la disposition du pole judiciaire et financier.