Face au déséquilibre régional, l’Office de développement du Sud (ODS) a réfléchi autour d’une nouvelle conception de la politique de développement régional, qui avec le passage d’une transition démocratique à une approche participative, permettra de freiner la dépopulation des régions, lutter contre le chômage, réduire les disparités régionales et atténuer les incidences de la pauvreté.
A cet égard, l’ODS a signé un accord de coopération avec la JICA, portant sur la réalisation d’un projet intitulé « projet de planification pour le développement régional du Sud tunisien », et ce, courant la période 2013/15.
Cette coopération a aboutit à l’élaboration d’une étude stratégique de développement pour la région du Sud tunisien pour la période 2015/2035, tout en adoptant une approche participative à travers des consultations publiques organisées au fur et à mesure de l’avancement de cette étude.
Cette étude, dont les résultats ont fait l’objet d’une restitution le 16 mars 2016, a donné lieu à des stratégies et des plans d’action pour le développement des principaux secteurs productifs et d’infrastructure, ainsi qu’à une évaluation environnementale stratégique pour prévoir les impacts de la réalisation de ces plans d’action sur l’environnement et les mesures d’atténuation.
Présentée par Ali Msaddek, directeur de la planification et des statistiques auprès de l’ODS, en marge d’un atelier de lancement de la concertation régionale du projet « Renforcement de l’écosystème entrepreneurial dans le Sud tunisien », mis en œuvre par le PNUD, en partenariat avec l’ODS, l’ANETI et la BTS, cette étude se focalise sur les contraintes et potentialités du Sud tunisien, ainsi que sur les principales orientations à mettre en œuvre durant la période 2015/2035.
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Contraintes et potentialités du Sud tunisien
Le Sud tunisien occupe une position géographique privilégiée et présente des ressources naturelles, un capital humain et d’énormes potentialités de développement à mettre en valeur, et ce, à travers des stratégies convenables qui permettent de contourner les obstacles et surmonter les problématiques.
Parmi ces problématiques, figure la limite des ressources en eau, les problèmes fonciers, le manque de développement et de recherche, des problèmes logistiques et une insuffisance de l’infrastructure.
Face à ces contraintes, l’étude prévoit la détermination et la mise en œuvre des stratégies, pour bien exploiter les potentialités spécifiques de la région du Sud, présentant ses atouts et ses avantages.
Ces potentialités se résument essentiellement dans la diversité des produits agricoles spécifiques et uniques dans la région. Ces produits pourraient constituer une marque régionale sur le marché national et international, en l’occurrence les olives et les dattes…
Toutefois, les ressources minières qui existent un peu partout dans la région sont très importantes et pourraient constituer des normes de potentiel de développement.
Dans le même sillage, le Sud tunisien constitue une vitrine de beauté naturelle avec le Sahara, les oasis, etc. constituant un potentiel pour la promotion du secteur touristique et sa diversification et pour la conception de nouveaux produits touristiques, à savoir le tourisme alternatif, écologique…
Ainsi que le pétrole et le gaz naturel de la région qui appellent à réfléchir sur la possibilité de faire profiter de ces richesses et de promouvoir les activités liées à leur exploitation.
De par ces potentialités, les deux ports de Gabès et Zarzis nécessitent une mise à niveau pour pouvoir transporter par conteneurs et accueillir les navires de grande taille.
Le Sud tunisien se dote, également, de quatre aéroports et plusieurs postes frontaliers terrestres au voisinage de la Libye et l’Algérie. Ce qui offre des possibilités pour renforcer les avantages d’ouverture pour la région du Sud sur son environnement européen, maghrébin et africain.
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Principales orientations
Dans ce sens, l’étude prévoit de nouvelles orientations pour mettre en valeur ces potentialités, développer les secteurs productifs et l’infrastructure nécessaire à la promotion de ces secteurs.
De ce fait, il doit y avoir une utilisation optimale des ressources limitées, avec les efforts et les conservations, une promotion de la transformation finale des matières primaires, de la fabrication et la mise à niveau des nouveaux produits par la promotion des PME, permettant ainsi une maximisation de la valeur ajoutée des ressources disponibles.
Il doit y avoir, de même, une promotion des investissements et de l’attractivité des entreprises, ainsi que l’établissement de la « Marque Sud » pour les principaux produits spécifiques de la région, afin qu’ils soient présentés et positionnés sur les marchés national et international.
Il doit y avoir, d’autre part, une promotion des activités de recherche et de développement pour qu’elles se propagent dans les régions, une meilleure coopération avec les centres universitaires et de recherche et les établissements de formation professionnelle en vu de l’identification, du développement et de la promotion de nouveaux produits toujours spécifiques à la région de Sud, pour aller plus loin dans la chaîne des valeurs et couvrir toute la filière.
Pour ce faire, il demeure nécessaire de développer et mettre en œuvre des clusters, par le biais d’une initiative publique. Dans ce cadre, l’Etat doit exercer un effort de programmation et de planification pour installer et développer ces clusters dans la région de Sud, favoriser les conditions nécessaires au niveau des études de marché, de la logistique, des climats d’affaires et des encouragements, avec une assistance et un appui à la réalisation de ces clusters par le secteur privé.
Ce scénario applique le concept des clusters qui n’est autre qu’une concentration géographique d’entreprises, de fournisseurs et d’institutions associées dans un domaine particulier, tous interconnectés pour valoriser les potentialités de la région.
Cela nécessite une intervention de l’administration publique pour soutenir et dynamiser les entreprises privées, PME et autres, et les instituions concernées, dans le but d’ajouter une plus forte valeur, à travers une collaboration et des effets synergiques.
Pour réussir le développement de ces clusters, un plan d’aménagement des territoires doit être prévu. Il s’agit d’une stratégie 2015/2035 focalisée sur cinq phases de réalisation, à savoir la phase de préparation, de formation, d’exécution, d’expansion et de développement.
Pour le court terme (2015/2020), il faut créer des centres de recherche et de développement dans tous les gouvernorats du Sud tunisien, installer des postes frontaliers développés pour les exportations vers les pays voisins, et lutter contre la pollution.
Pour le moyen terme (2021/2025), il faut développer les produits à forte valeur ajoutée, y compris les produits touristiques, et ce avec la collaboration avec les centres de recherche, encourager et favoriser la collaboration entre le secteur public et les secteurs universitaires pour l’innovation et le développement des produits prometteurs.
Pour le long terme (2026/2035), il faut apporter une plus forte valeur ajoutée, améliorer la qualité et développer de nouveaux produits, grâce à l’effort consenti par les centres de recherche avec un renforcement plus poussé par l’Etat.
Stratégie sectorielle
En outre, parmi les principaux plans d’action, s’affiche la mise en place d’une stratégie sectorielle visant le développement des secteurs productifs.
Au niveau du secteur agricole, l’étude prévoit la maximisation de la productivité à forte valeur ajoutée des dattes et des huiles d’olives, des produits de l’élevage par la labellisation, le développement de l’agriculture biologique, l’amélioration de la qualité, la maximisation de la productivité des aliments pour bétail, l’encouragement des groupements d’entrepreneurs agricoles, afin de profiter d’une économie d’échelle.
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Au niveau du secteur minier et des énergies renouvelables, il faut mettre à niveau des activités de traitement du phosphate, promouvoir les activités de promotion des ressources minières, mettre à niveau des activités minières durables…
Au niveau du secteur touristique, il importe de créer des destinations pour les quatre saisons, développer les services touristiques conformément aux normes internationales, réhabiliter le patrimoine matériel et immatériel, développer le tourisme communautaire, améliorer l’approvisionnement et la commercialisation des produits artisanaux.