Une guerre de position : la vie des partis montre que les positions subjectives et les options personnelles occultent volontiers les mécanismes de la gestion collective, transgressant les compromis, sinon le consensus.
Est-ce à dire que la révolution n’a pas assuré les conditions d’une promotion de la bonne gouvernance ? Peut-on parler d’un déficit d’expérience ou d’une absence de prise de distance ? Les faits politiques sont têtus. Mais l’expérience démocratique devrait mettre hors jeu les blocages anciens des gestions personnelles.
Les fractures successives de Nidaa Tounes l’ont affaibli. Privé de ses fondateurs, écartés, marginalisés ou démissionnaires, Nidaa Tounes pourrait difficilement retrouver son audience populaire d’antan. Il a perdu son rang comme premier parti au parlement. D’ailleurs, une ligne de démarcation entre son comité directeur et son bloc parlementaire accentue sa division. La transgression des normes politiques de gestion le rattraperait vite. De la négociation avec ses fondateurs à la reddition, la voie est étroite. Elle semble plutôt sans issue. Nouvelle évidence, on ne change pas une recette perdante.
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A l’actif d’Ennahdha, sa stabilité, le fonctionnement régulier de ses instances et sa présence partout dans le pays. Mais sa conversion en parti politique, prenant ses distances par rapport à son discours fondateur prônant l’islam politique est problématique. L’intégration de trois députés du parti Union patriotique libre (UPL), au sein de Nidaa Tounes créa un conflit entre les deux partis partenaires au sein du gouvernement. Tourisme parlementaire, qui se cache derrière les masques ? La médiation du parti Ennahdha ne semble pas porter ses fruits. D’autres partis peinent à passer d’une hystérie éphémère, à un courant politique.
La coalition gouvernementale est affaiblie. Critiquée par le parti Afak, elle est désormais rejetée par le parti Union patriotique libre (UPL). Certes, à l’inverse d’Afaq, ce parti ménage le gouvernement Essid et le soutient, alors que certains de leurs partenaires n’excluent pas sa démission. Fait d’évidence, lâché par son socle politique et par sa base sociologique, l’exécutif est contraint au repli. D’ailleurs les élites qui parlent de redressement par le statut quo politico-économique et le peuple qui rappelle ses attentes et revendique un programme d’urgence, dans le court terme, ne définissent pas les mêmes enjeux.
La stabilité, grand acquis de l’histoire immédiate tunisienne, semble menacée. Ayant résistée aux bouleversements du « printemps arabe », comme cas unique dans notre aire, elle est actuellement mise à l’épreuve par le jeu politique sur la scène et l’underground des acteurs. Comment assurer ‘‘le passage de la démocratie gouvernée, à la démocratie gouvernante’’?