Afin de débattre des conditions qui feront de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) un instrument s’alignant et répondant aux préoccupations actuelles de la Tunisie, la 4ème édition de Tunis Forum, organisée les 27 et 28 mai par l’IACE, se focalise sur le thème «Tunisie-ALECA: gouvernance des négociations et résultats de la libéralisation».
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La Tunisie est-elle prête pour mener ces négociations? Dispose-t-elle de tous les atouts en main pour s’engager dans la voie du libre-échange? Telles sont les questions débattues dans le cadre de la première journée de ce forum, et ce, afin de proposer des recommandations en termes de procédures relatives à ces négociations.
Lors de son allocution d’ouverture, le chef du Gouvernement Habib Essid a annoncé que dans le but de passer d’une économie à faible coût à une économie de haut niveau régional et international, le lancement des négociations sur l’ALECA traduit une vision basée sur trois principes, à savoir l’efficacité économique focalisée sur l’innovation et le partenariat , l’intégration en tant que base d’égalité sociale et le développement durable et le renforcement de l’économie verte.
Toutefois, il a affirmé que les négociations avec l’UE seront assez difficiles vu que d’une part, l’agriculture tunisienne est bien loin du niveau européen exigeant de nouveaux programmes d’appui et d’autre part, les services qui doivent être prêts à la compétitivité pour lever les obstacles.
Pour ce faire, M. Essid a estimé qu’il est utile de réaliser des études sectorielles afin d’évaluer l’impact de cet accord et d’accélérer les réformes ambitieuses, ainsi que d’envisager le rôle des parties prenantes et poursuivre une approche participative.
Dans ce sens, l’Etat continue, selon ses termes, à protéger le pays et défendre sa souveraineté, sa liberté, sa démocratie, son développement et sa stabilité pour que l’indépendance et les intérêts de la Tunisie soient au-dessus de tout lors des négociations.
Il n’a pas manqué d’annoncer que la réussite de la transition économique et des négociations sur l’ALECA est tributaire d’un dialogue avec les différentes parties concernées. Et de conclure que chacun doit assumer sa responsabilité pendant cette période.
Pour sa part, Walid Bel Hadj Amor, vice-président de l’IACE, a souligné que les négociations sur l’ALECA sont d’une importance capitale pour la Tunisie et devraient éveiller d’énormes espoirs, mais force est de constater que pour le moment seules les craintes s’expriment et elles ne sont pas sans fondement.
Avec l’ALECA, il ne s’agira pas seulement d’économie et de suppressions de barrières au commerce, mais aussi de questions d’Etat de droit, de cadre normatif et réglementaire et aussi de démocratie.
A long terme ce sera un cadre législatif du commerce qui aura un statut supranational, une sorte de constitution économique qui consacrerait des choix fondamentaux que la Tunisie n’a pas encore faits. Il est, donc, temps de les faire avec courage et détermination.
Ainsi, M. Bel Hadj Amor a déclaré que le processus de négociations doit s’appuyer sur trois composantes majeures pour permettre de concilier transparence et confidentialité, à savoir une équipe de négociateurs issue exclusivement du gouvernement et de l’administration, un groupe de commissions sectorielles englobant l’expertise technique, l’expertise indépendante, l’administration et le secteur privé, ainsi qu’une commission nationale de pilotage composée de représentants du Parlement et du gouvernement.
Par ailleurs, dans le but d’atteindre les objectifs attendus, le responsable a souligné qu’il importe de conclure un accord de solidarité qui consacre une dimension politique majeure associée à un caractère asymétrique nécessaire et à une approche progressive vitale pour l’appareil productif tunisien et une libéralisation bien maîtrisée.
A cet égard, l’IACE a mené une réflexion sur 91 filières des principaux secteurs couverts par ces négociations, notamment le secteur agricole et des services réparties en trois listes: l’état des filières qui pourraient être libéralisées tout de suite, les filières nécessitant une mise à niveau avant l’ouverture et pour lesquelles le processus de négociations est à engager, et les filières qui ne peuvent pas être libéralisées et pour lesquelles le processus devrait être reporté.
Enfin, l’IACE a également pris l’initiative de concocter un indice de perception de l’ALECA en Tunisie qui sera publié semestriellement. Cet indice est calculé sur la base de quatre piliers, dont la position concurrentielle, la connaissance de l’ALECA, l’impact perçu et l’adoption de l’Accord.
Le résultat de cette étude a fait ressortir que l’indice global a été de 62/100. Par secteur, l’indice a atteint 37/100 pour l’agriculture, 76 pour l’industrie et 59 pour les services.
En conclusion, le responsable a fait savoir que la Tunisie a besoin de mener des réformes de fond pour renforcer la compétitivité de ses secteurs productifs. Elle a également besoin de mettre en place des stratégies sectorielles et de faire des choix clairs pour le développement de ses filières et plus largement de son économie, et ce, pour être un partenaire à part entière qui choisit son destin et l’assume.