Abdallah II de Jordanie a nommé, le 29 mai 2016, Hani al-Molki, pour remplacer Abdallah an-Noussour, à la tête du gouvernement. Il venait de dissoudre le parlement, le même jour. Hani al-Molki devrait assurer la transition et organiser les prochaines élections.
La lettre d’Abdallah an-Noussour au roi explique sa démission, en application de la Constitution, étant donné la dissolution du parlement. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre évoque « les difficultés de l’économie jordanienne, suite à la fermeture des frontières de l’Est (frontière avec l’Irak) et du Nord (frontière avec la Syrie), la crise du tourisme, du transport aérien et terrestre, du commerce et de l’agriculture ». La Jordanie a ainsi subi l’impact des épreuves des pays du voisinage. La paix, ajoute an-Noussour, rétablira « l’infrastructure législative, économique et les services » (lettre de démission, 29 mai 2016).
D’autre part, le ton bienveillant et amical de la lettre royale à son ancien Premier ministre atteste que le remaniement ne traduit pas un mécontentement, mais plutôt un processus récurrent de la gouvernance hachémite. Le roi reconnaît que le gouvernement d’Abdallah an-Noussour a assuré une gestion satisfaisante des affaires de l’Etat durant trois ans et demi et d’une conjoncture difficile. Notons que le roi définit « le pseudo printemps arabe, comme une étape, sans précédent, de défis, de difficultés et d’ambiguïté » (lettre d’Abdallah II, à son ancien Premier ministre, 29 mai 2016).
Les instructions du roi à son nouveau Premier ministre définissent les priorités gouvernementales : l’objectif essentiel concerne « la réalisation d’une meilleure équation de croissance, pour créer des opportunités d’emploi et assurer un meilleur niveau de vie ». La priorité de l’investissement devrait requérir la révision de la législation, en conséquence. Dans le cadre de la vision Jordanie 2025, le gouvernement compte sur la coopération des pays frères et amis, et en premier lieu de l’Arabie Saoudite, dont la coopération relèverait du Conseil de coopération jordano-saoudien, pour conforter la complémentarité économique entre les deux pays (instructions du roi au nouveau Premier ministre, 29 mai 2016).
La Jordanie vit l’épreuve de la conjoncture du « printemps arabe », des problèmes d’insécurité et de terrorisme dans le voisinage et des risques d’implosion de la Syrie et de l’Irak. En quête d’alliances, dans la nouvelle configuration du Moyen-Orient, elle développe des relations préférentielles avec les pays du Golfe, dans le cadre de la complémentarité socio-économique et la recherche jordanienne des investissements. La création du Conseil de coopération jordano-saoudien s’inscrirait dans cette stratégie de développement que le nouveau gouvernement est appelé à faire valoir.