En Tunisie, et un peu partout dans les pays arabes, l’Aïd est la fête la plus importante de l’année, particulièrement pour les enfants. Tout le pays est en effervescence à partir du premier jour du ramadan. Dans chaque maison, on trouve partout des gâteaux traditionnels, soit fait maison soit achetés. Ce sont des biscuits au beurre, aux pois chiches, plus connus sous le nom de Ghraiba Homs, ils sont de forme rectangulaire. Comme le veut la fête, en plus des petits gâteaux, les nouveaux habits ainsi que les jouets sont au programme pour les enfants.
Dimanche 3 juillet, J-3 avant le jour J probablement, trois heures après la rupture du jeûne, profitant de la fraîcheur nocturne, plusieurs familles sortent pour faire leurs emplettes de dernière minute, ou pour faire plaisir à leurs enfants pour l’achat des vêtements neufs, comme le veut la tradition.
L’Aïd el fitr a tendance à garder son aspect commercial. Quand l’Aïd rime avec enfants, cela inclut des grandes dépenses. C’est aussi une grande préoccupation pour les ménages, alors que pour le commerce, c’est l’occasion ou jamais de faire des bénéfices. Un seul souci anime les parents, c’est d’essayer de trouver le rapport qualité-prix le plus abordable, confie Rihab, caissière dans une boutique de vêtements. Elle ajoute : « Cela fait bien avant ramadan que les gens achètent pour leurs enfants, certains veulent éviter la foule, tandis que pour d’autres, ils veulent dénicher les bonnes affaires. Et vous constatez, à une 1h15 du matin, que les familles continuent à écumer le magasin. Evidemment, il y a ceux qui dépensent un peu plus, d’autres un peu moins et tout le monde trouve son compte. J’ajouterai, que ce soit l’année dernière ou cette année, il n’y a pas une grande différence de prix. »
Pour une bonne partie des parents, ce n’est pas toujours de gaieté de cœur. C’est le cas de Rabeb, une jeune maman de deux filles, qui est à la recherche de bonnes affaires. « Je trouve que la qualité s’est détériorée. Je me dis, à ce point il n’y a plus de choix, je ne trouve rien qui vaille la peine d’être acheté. Soit les prix sont exorbitants pour une qualité supérieure, soit le contraire, des prix moins chers, mais avec une qualité “de camelote” », estime-t-elle.
Elle est accompagnée de son époux Adel, technicien en mécanique électronique. Pour lui, les prix n’ont pas baissé et rien n’a changé. Il déclare : « Pour ma fille Zeineb, 5 ans, j’ai acheté une robe à 107 dinars, et rien que pour les chaussures pour une pointure 28 ceci m’a coûté 46 dinars ; tandis que pour l’aînée, 12 ans, en tout j’ai dépensé 200 dinars. J’avoue que les prix des chaussures pour les petits sont beaucoup plus chers par rapport aux adultes. »
Qui dit tradition ancestrale dit gâteaux de l’Aïd. Adel poursuit : « Pour les douceurs, je n’achète jamais de Tunis. Je préfère plutôt les acheter à Zaghouan, réputée pour son Kaak Nessri, et cela fait plus de 20 ans, et je ne compte pas changer d’avis. Sur le plan rapport qualité-prix rien à voir avec ce qui se vend à Tunis, quand on remarque la finesse du travail, comment ce savoir-faire est transmis d’une génération à une autre… Cependant, quand on dit Aïd, cela signifie un lot de dépenses. Ma femme et moi, nous travaillons chacun de notre côté et nous faisons de notre mieux. Alors comment fait un père de famille avec quatre enfants qui est le seul à travailler dans le ménage ? »
Neila, propriétaire d’un salon de coiffure, mère de trois enfants, nous confie : « Cela fait une semaine que j’ai acheté des vêtements. Pour les deux aînés, je n’ai rien acheté, seulement pour la petite Aïcha, un an et huit mois, la robe m’a coûté 120 dinars et 45 dinars pour une paire de chaussures. Sincèrement pour les gâteaux de l’Aïd, j’ai décidé que j’allais les faire à la maison pour la simple et la bonne raison que cela coûte cher, j’ai fait de la Ghraiba, des boules de chocolat, Samsa. Si on achète de l’extérieur, un kilo ghraiba s’élève à 22 dinars et la Samsa noisette est à 40 dinars le kilo. Préparer soi-même les gâteaux, c’est mieux que de les acheter parce que cela revient moins cher », commente-t-elle.
L’Aïd el Fitr est un moment de célébration, où on prend du temps en famille ou entre amis, un moment de renforcer les liens de solidarité, de fraternité, de pardon et de réconciliation. Mais c’est aussi un moment que veut la tradition pour s’habiller avec soin en ce jour de fête. Les préparatifs vont bon train pour célébrer comme il se doit cette journée, principalement pour les enfants qui s’impatientent pour ce jour de porter de nouveaux habits, mais aussi de recevoir “Mahbet el Aïd”. L’ambiance des jours de fête règne. Au programme : les visites de courtoisie des proches et amis et aux grands-parents pour clore une longue journée de fête.